samedi 31 décembre 2005

La vraie vie selon Alexandra David-Neel

Un extrait de son Journal de voyage (Tome 1, p. 213-214) où elle exprimait ce qu’est pour elle « la vraie vie » :

« Il fait froid et triste, dis-tu. Ah ! Mon pauvre grand ami, j’ai été toute remuée de t’entendre dire cela si tristement .... Les sages ce sont ceux qui ont compris que de ce que le commun des êtres appelle la vie il n’y a rien à tirer que froid et tristesse et qui sont partis avec leur pensée, en quête d’autre chose ... d’autre chose qui est au-delà du froid et du chaud, du rire et des larmes. Ils l’ont trouvé. Pourquoi d’autres, pourquoi nous-mêmes ne le trouverions-nous pas ?

Les vrais compagnons, ce sont les arbres, les brins d’herbe, les rayons du soleil, les nuages qui courent dans le ciel crépusculaire ou matinal, la mer, les montagnes. C’est dans tout cela que coule la vie, la vraie vie, et l’on n’est jamais seules quand on sait la voir et la sentir. Mon petit bien cher, je suis née une sauvage et une solitaire et ces dispositions ont crû tout le long des ans que j’ai vécus. Je leur dois des joies que je n’aurais jamais connues sans elles.

Il fait froid et triste quand on demande aux êtres de vous être un soutien, de vous réchauffer, d’alléger le fardeau de misère inhérente à toute existence. Nul d’eux n’a réellement le souci de le faire, nul d’eux ne le peut vraiment. C’est en soi qu’il faut cultiver la flamme qui réchauffe, c’est sur soi qu’il faut s’appuyer. »

- Citation choisie par Chartrand Saint-Louis

samedi 17 décembre 2005

Adresse de messagerie

Vous désirez faire part d’un commentaire, vous avez une demande d’information à formuler ou une suggestion à transmettre, vous n’avez qu’à nous écrire à cette adresse de messagerie: chartrandsaintlouis@gmail.com.

dimanche 6 novembre 2005

Présentation du carnet

Ce qu’est Le Petit Portail d’Albert ?

Un espace de création, de réflexion et de diffusion d’informations pour des hommes et des femmes qui, malgré le poids du quotidien, souhaitent apporter une contribution.

Le rôle d’un portail est d’offrir une porte d’entrée et de regrouper des références vers des informations similaires et c’est ce qu’offre notre carnet Web.

Notre carnet couvre divers types d’écriture et regroupe des billets rédigés par des gens qui aiment écrire.

Il est principalement orienté vers trois axes d’intérêt : littérature, matière à réflexion et société.

vendredi 30 septembre 2005

Proverbes kurdes

« Une bonne réputation vaut tous les sacrifices. Conserve la tienne intacte à n’importe quel prix. »

« Toi qui confies au passant la chair de ton âme, tu te repentiras. »

« Venge-toi sans retard : Ne laisse pas le crime impuni. »

« Redoutez l’eau dormante, elle est plus dangereuse que l’eau vive. »

« Suffis-toi à toi-même et tu seras considéré. »

« La racine peut devenir palme. Notre ennemi ne sera jamais notre ami. »

« Il vaut mieux être mâle un seul jour que femelle dix jours de suite. »

« Dans une maison pleine d’enfants, le diable n’entre pas. »

« Ne t’inquiète pas de la femme que tu vas prendre, mais connais bien sa famille. »

« L’hôte est un envoyé de Dieu. »

« L’ami est l’ami, mais le frère nous est cher. »

« Si l’on accepte une complaisance, il faut déposer son poignard. »

« Ne crains pas de t’enquérir de ce que tu ignores. »

« Soyez braves : on ne meurt qu’une seule fois. »

« Quand le bœuf est tué, les couteaux sont nombreux. »

« Agis ou n’agis pas, mais écarte de toi la crainte. »

« Oublie ta bonne action, Dieu, lui, s’en souviendra. »

« Le doigt long peut manger du miel. »
(L’homme qui travaille réussira)

« Avec un bon cheval, le fouet est inutile. »

« Le renard bavard se laisse toujours prendre au piège. »

« Je mange mon pain sec et je ne bois que de l’eau, mais je ne dois rien à personne. »

« Les gouttes amoncelées finissent par former un lac. »

« Nul animal ne court plus vite que la gazelle, mais jamais elle ne mange plus que ses besoins. »

« Les têtes sont nombreuses, mais bien rare est la tête sur laquelle on peut s’appuyer. »

« Il n’y a pas plus malin que le renard, et pourtant les marchés regorgent de sa peau. »

- Citations choisies par Chartrand Saint-Louis

Source : Paul-Marguerite, Lucie et L’Ermir Kamuran Bedir Khan, Proverbes kurdes, Paris : Éditions Berger-Levrault, 1937.

dimanche 7 août 2005

Chartrand Saint-Louis : Biographical note in English

Digital content manager, Chartrand Saint-Louis establishes links with members of the editorial team, monitors and administers this web log.

In addition to this digital activity, his cultural life is rich and diverse: reading, writing, photography, video editing, narration, choral singing, drawing, as well as piano and musical composition, undertaken simultaneously to build his own repertoire.

Studies in philosophy, information science and law.

Philosophical questions related to the environment are at the heart of its preoccupations.

Nature is his great source of inspiration.

Visit his personal web notebook “Instantanés”, his Mastodon account as well as his YouTube channel “Résonance” and Soundcloud, the site where his musical compositions are broadcast.

Albert : Biographical note in English

During my childhood, I had plenty of time to explore my passions, the most important of which were music and computers. My passion for music took me to the Conservatory. I realized with regret that I was not destined for a career as a soloist or virtuoso, but, despite this disappointment, this passion never faded. She has traveled through my life. She nourished my sensitivity. I composed music and played in several musical groups (rock and blues). Now, I explore the musical world in complete freedom and I am particularly interested in arrangement and orchestration. My intellectual curiosity pushed me to read a large number of books, to study oriental wisdom (my favorite author is Alan Watts), and, to earn my living, to learn computer science on my own and never lose interest in it.

Visit Soundcloud, the site where my musical compositions are broadcast.

Albert

Durant mon enfance, j’ai eu tout le loisir d’explorer mes passions, dont les plus importantes sont la musique et l’informatique. Ma passion pour la musique m’a menée jusqu'au Conservatoire. J’ai réalisé avec regret que je n’étais pas destiné à une carrière de soliste ou de virtuose, mais, en dépit de cette déception, cette passion ne s’est jamais éteinte. Elle a parcouru ma vie. Elle a nourri ma sensibilité. J’ai composé de la musique et j’ai joué dans plusieurs formations musicales (rock et blues). Maintenant, j'explore le monde musical en toute liberté et je m'intéresse tout particulièrement à l'arrangement et à l'orchestration. Ma curiosité intellectuelle m’a poussée à lire un grand nombre de livres, à faire l’étude des sagesses orientales (mon auteur favori est Alan Watts), et, pour gagner ma vie, à apprendre l’informatique en autodidacte et à ne jamais m’en désintéresser.

Visitez Soundcloud, le site où sont diffusées mes compositions musicales.

samedi 23 juillet 2005

Le harcèlement moral

Une personne peut facilement en détruire une autre par le harcèlement moral. Cette façon d’agir se termine souvent par un meurtre psychique. L’attitude de la personne qui harcèle consiste à se poser comme victime et à culpabiliser l’autre. Il s’agit là d’un processus inconscient de destruction psychologique, constitué de paroles blessantes, d’insinuations, de critiques, de reproches, etc. La personne qui harcèle tente alors de s’élever en abaissant l’autre et ainsi, d’éviter tout conflit intérieur. Elle fait porter sur l’autre, la responsabilité de ce qui ne va pas dans le couple, la famille, le travail, les amitiés, etc. « Ce n’est pas moi, c’est l’autre ! » Donc, elle ne se sent nullement responsable. Il s’agit là de perversion morale.

On ne peut espérer de changement chez une personne qui harcèle, car elle est fixée dans un mode de relation avec les autres et elle ne se remet jamais en question. En aucun moment ! Il faut qu’elle rabaisse les autres pour acquérir l’estime d’elle-même. Ce genre de personne n’a aucune compassion, aucun respect pour ses victimes, car elle ne se sent jamais concernée par un problème. C’est toujours l’autre le ou la coupable.

La personne qui harcèle tente toujours de donner la meilleure image d’elle-même. Par son esprit critique, elle absorbe l’énergie de ceux et celles qui l’entourent, s’en nourrit et s’en régénère, tout en libérant son énergie négative. On peut décrire cette personne comme étant celle qui nous vide, physiquement et moralement, de toutes nos énergies vitales.

La personne qui harcèle est absolument incapable de reconnaître ses torts. Elle a de la difficulté à prendre des décisions dans la vie de tous les jours et a besoin que d’autres assument les responsabilités à sa place. Elle fuit la solitude et recherche le soutien et l’appui des autres, ce qui ne l’empêche nullement de les critiquer et de les rabaisser continuellement.

La personne qui harcèle joue souvent au moralisateur et se permet de donner, aux autres, des leçons sur la façon de bien se conduire.

Ses traits caractéristiques sont : l’orgueil, l’intolérance, l’obstination, la méfiance, la jalousie, l’esprit critique très développé.

Source :

Marie-France Hirigoyen, Le harcèlement moral : la violence perverse au quotidien, Paris : La Découverte : Syros, 1999

vendredi 1 juillet 2005

Chartrand Saint-Louis

Gestionnaire de contenu numérique, Chartrand Saint-Louis établit des liens avec les membres de l’équipe de rédaction, assure le suivi et administre ce carnet Web.

Outre cette activité numérique, sa vie culturelle est riche et diversifiée : lecture, rédaction, photographie, montage vidéo, narration, chant choral, dessin, ainsi que le piano et la composition musicale, entrepris simultanément pour constituer son propre répertoire.

Études en philosophie, science de l'information et droit.

Les questions philosophiques liées à l'environnement sont au cœur de ses préoccupations.

La nature est sa grande source d'inspiration.

Visitez son carnet Web personnel « Instantanés », son compte Mastodon de même que sa chaîne YouTube « Résonance » et Soundcloud, le site où sont diffusées ses compositions musicales.

dimanche 12 juin 2005

Le nominalisme

Aborder le courant nominaliste du XIIe siècle, c’est principalement s’attacher à la polémique entourant les universaux et aux solutions proposées : le nominalisme, le réalisme et le conceptualisme.

La querelle des universaux impliquait fondamentalement un questionnement sur la réalité ontologique des universaux, c’est-à-dire des concepts généraux. Pour les nominalistes, les concepts généraux ne sont que des noms et n’ont aucune réalité. Ils n’existent, pour eux, que des signes généraux.

Qui sont les protagonistes de cette polémique ? Celui qui mérite une attention particulière est Roscelin (fin XIe-début XIIe siècle), fondateur du nominalisme. Viennent ensuite Anselme de Laon (1033-1109), réaliste convaincu qui prit position dans le débat en attaquant la position de Roscelin; Guillaume de Champeaux (mort en 1121), élève de Roscelin ; Abélard (1079-1142) et Jean de Salisbury (1110-1180), pour ne mentionner que les plus importants.

Nous attacherons davantage d’importance, dans notre courte bibliographie, à Abélard (élève de Roscelin et de Guillaume de Champeaux), puisque c’est le personnage sur lequel on s’est le plus penché. Il a pris position d’une façon originale, dans le débat, en développant une logique des termes et des propositions. Tantôt nominaliste, tantôt conceptualiste, il s’est beaucoup inspiré de l’interprétation boéthienne de la logique d’Aristote.

ABÉLARD. LE DIALOGUE. LA PHILOSOHPIE DE LA LOGIQUE. Par Maurice de Gandillac, Jean Jolivet, Guido Küng, Alain de Liberia, Sofia Vanni Rovighi (Cahiers de la revue de théologie et de philosophie, 6). Lausanne, Revue de théologie et de philosophie, 1981, iv-131 p.

Ouvrage collectif dirigé par de grands spécialistes de la philosophie médiévale. Publié sous de très bonne presse. Ouvrage qui fait part des recherches sur Abélard et la question des universaux. L’importance de l’ouvrage tient à la qualité des articles qui s’y retrouvent. Par exemple : Vanni, Rovighi Sofia. "Intentionnel et universel chez Abélard", p. 21-8 ; Jolivet, Jean. "Abélard et Guillaume d’Ockam, lecteurs de Porphyre", p. 31-54 ; De Liberia, Alain. "Abélard et le dictisme", p. 59-92 ; Küng, Guido. "Abélard et ses vues actuelles sur la question des universaux", p. 99-113.

ABÉLARD EN SON TEMPS. Actes du colloque international organisé à l’occasion du 9e centenaire de la naissance de Pierre Abélard (14-19 mai 1979). Paris : Les Belles Lettres, 1981, 240 p.

Ouvrage collectif dirigé par Jean Jolivet, important médiéviste français, qui contient, comme articles importants, son texte sur le "non-réalisme et platonisme chez Abélard" (p. 175-195) et celui de Paul Vignaux ("note sur le nominalisme", p. 523-529).

Paul Vignaux mentionne, en ce qui concerne l’article de Jean Jolivet, qu’il s’inspire de ce dernier pour désigner la thèse nominaliste comme un "non-réalisme", "heureuse expression de M. Jolivet" (p. 524)


ABELARD, Peter. Opera Omnia. Accurante J.P. Migne. Paris, 1885, vol. 176.

La compilation de Migne est l’une des plus valables en ce qui concerne les sources primaires (textes originaux). Cet ouvrage est, selon R.T. De George, "the most complete collection available, but should be used with later, critical editions when possible.". Malgré cette réserve, cet ouvrage peut être d’une grande utilité pour la connaissance de la doctrine abélardienne en regard des universaux.

BEONIO-BROCCHIERI FUMAGALLI, M.T. The logic of Abelard. Dordrecht-Holland, D. Reidel publishing cie, c1970, 99 p.

Ouvrage embrassant la polémique des universaux et l’importance de la position de Pierre Abélard dans l’histoire de la logique.

Le "Philosopher’s index" en donne le commentaire suivant : "The premise of the author is "to illustrate not only the interest of Abelardian dialectic techniques ... but also and above all, the importance of his total attitude toward the "scientia scientiarum" ...".


CARRE, M.H. Realists and nominalists. London, 1946.

L’auteur consacre une grande partie de son analyse à Pierre Abélard et au problème des universaux (plus particulièrement sur les origines et les bases du réalisme et du nominalisme). Les chapitres les plus éloquents sont les suivants : chapitre II : Roscelin et le nominalisme ; chapitre V: Le rejet du nominalisme (chez Abélard) et le chapitre VIII : Abélard et le conceptualisme.

L’Encyclopedia of philosophy ( Edwards, Paul, ed., MacMillan company & The Free Press ; London, Collier-MacMillan, 1967, 8 v.) en donne le commentaire suivant : "A more detailed discussion of the four key figures in the dispute between realism and nominalism."


CHENU, M.D. "Cur homo ? Le sous-sol d’une controverse au XIIe s.". Mélanges des sciences religieuses, Lille, 1953 (10), p. 195-204.

CHENU, M.D. "Un cas de platonisme grammatical au XIIe s. (Bernard de Chartres). Revue des sciences philosophiques et théologiques, Le Saulchoir, Paris, 1967 (51), p. 666-8

Dans ces deux excellents articles, l’éminent médiéviste nous amène au cœur de la dispute des universaux du XIIe siècle : Qu’est-ce que l’humanité? Est-ce que les termes généraux (comme celui d’humanité) ont une réalité ontologique ? Ne sont-ils que des termes langagiers ?

En s’attachant à la pensée de Bernard de Chartres, l’auteur nous entraîne dans les sillons de la tradition réaliste qui avait de fidèles défenseurs au XIIe s. (tradition qui remonte à Platon).


COUSIN, Victor. Ouvrages inédits d’Abélard. Paris, 1836

Cet ouvrage est un outil indispensable pour parvenir à une meilleure compréhension de la doctrine abélardienne sur les universaux.

Cet ouvrage est cité dans la bibliographie de Jolivet (Arts du langage et théologie chez Abélard, Paris, 19-69).

L’auteur est connu pour la qualité des traductions qu’il a données des plus importantes œuvres de la philosophie
.

DE GANDILLAC, M. "Survivance médiévale du stoïcisme : Abélard, Eckart" in : Congrès d’Aix-en-Provence, 1-6 avril 1963, Actes du congrès (Association Guillaume Budé). Paris : Les Belles Lettres, 1964, 594 p. (pp. 120-2)

DE GANDILLAC, M. "Sur quelques interprétations récentes d’Abélard". Cahiers de civilisation médiévale. 1961 (4), p. 293-301.

DE GANDILLAC, M. Œuvres choisies d’Abélard. Textes présentés et traduits par Maurice de Gandillac. Paris : Aubier, 1945, 347 p.

L’auteur est l’un des plus importants médiévistes du XXe siècle.

Les deux articles cités sont en relation très étroite avec la thématique du nominalisme. Le fait de traiter du stoïcisme n’est pas étranger à la question des universaux (ou du nominalisme) car la logique stoïcienne est une logique nominaliste.

Le premier article a le grand intérêt d’être tiré des Actes d’un colloque qui, lui-même, est patronné par une association prestigieuse (Association Guillaume Budé).

La première partie de la monographie (Œuvres choisies d’Abélard) a trait à la logique abélardienne
.

DENIS, L. "La question des universaux d’après Jean de Salisbury". Revue des sciences philosophiques et théologiques, 1977, pp. 425-434.

Cet article est d’un grand intérêt. L’auteur aborde la question des universaux chez un auteur (Jean de Salisbury) qui fut "l’un des scolastiques les plus remarquables au XIIe s. (Blanc, E. - Dictionnaire de philosophie, p. 718).

JOLIVET, Jean. "Vues médiévales sur les paronymes". Revue internationale de philosophie, 1975 (29), p. 222-242.

"Cet article a pour objet de signaler un point de rencontre entre le platonisme et la théorie de la grammaire au Moyen Age. Le rapport de l’adjectif au nom évoquant celui du sensible à l’idée" (The Philosopher’s index : an International index to philosophical periodicals, v. 1, n. 1, springs 1967-68 à 1978, p. 276).

L’auteur effectue une réflexion grammatico-philosophique sur les noms. En ce sens, il aborde la façon dont Abélard s’occupe des universaux (c’est-à-dire conçus à l’état isolé du simple point de vue sémantique) (commentaire de J. Jolivet sur son article dans "non-réalisme et platonisme chez Abélard : essai d’interprétation)
.

JOLIVET, Jean. Arts du langage et théologie chez Abélard. Paris : Lib. Vrin, 1969 (coll. Études de philosophie médiévale, 57). 387 p.

Le livre important d’un maître de la philosophie médiévale au XIIe s. L’auteur fait référence, dans sa bibliographie, à une foule de documents importants. Son ouvrage est également largement cité.

LARGEAULT, Jean. Enquête sur le nominalisme. Préface de René Poirier. Louvain, Nauwelaerts ; Paris, Béatrice-Nauwelaerts, 1971. In-8, xvi, 456 p. "Publications de la faculté des lettres, Paris, Sorbonne, no. 65).

Ouvrage hautement commenté dans de nombreux répertoires et cité dans de nombreux articles.

"Contient une somme des conceptions philosophiques, logiques, épistémologiques et autres qui, depuis le Moyen Age, peuvent se rattacher au nominalisme" (Bull. signal., v. 9, 1955 (Philosophie), Paris, C.n.r.s., p. 78).

"Une bible du nominalisme", "livre exhaustif". "L’auteur traite tour à tour de Roscelin, Abélard, Ockham, universaux, relations, langage, politique, métaphysique. Le nominalisme moderne reçoit la même attention que le médiéval" (Bibliog. de la philosophie, 1937 (v. 1) à 1985 (v. 32) (nouvelle série, v. 4, 1957), p. 236).


PETRUS ABAELARDUS. Dialectica, first complete edition of the parisian manuscript by L.M. de Rijk. ASSEN, Van Gorcum + comp., N.V., 1956 (Philosophical texts and studies, n. 1, publications of the Philosophical institute of the state university of Utrecht), 1956, 623 p.

De Rijk a compilé et "complété une édition critique des œuvres d’Abélard (dialectique). C’est un ouvrage d’une importante contribution pour la connaissance de la logique médiévale" (Bibliog. de la philosophie, p. 447).

Édition critique de la logique et plus spécifiquement de la dialectique d’Abélard.


PIERRE ABÉLARD, PIERRE LE VÉNÉRABLE. Les courants philosophiques, littéraires et artistiques en Occident au milieu du XIIe s. Colloque international du C.N.R.S., Abbaye de Cluny, 2 au 9 juillet 1972. Publié sous la direction de René Louis, Jean Jolivet et Jean Châtillon (colloques internationaux du C.N.R.S., 546). Paris, C.N.R.S., 1975, 782 p.

Ouvrage d’une grande valeur édité par le centre national de recherche scientifique sous la direction d’éminents spécialistes tel que Jean Jolivet. Ces Actes de colloque réunissent des articles de grande importance.

RASSAM, J. "La déconstruction de la métaphysique selon M. Derrida ou le retour au nominalisme le plus moyenâgeux". Revue de l’enseignement philosophique, 1975 (25), n. 2, p. 108

On commente l’ouvrage de Rassam de la façon suivante : "La thèse soutenue par Derrida dans la "voix et le phénomène" est, à travers une problématique posée en termes husserliens, un retour au nominalisme d’Abélard et d’Ockham, en passant par l’expressionnisme de Hegel." (Bull. signalétique, section 519, 1976, v. 30, p. 4).

ROBERT, J.-D. "Le problème des universaux et la prédominance du nominalisme dans la pensée contemporaine. À propos d’une "Enquête sur le nominalisme"". Laval théologique et philosophique, 1974 (30), no. 2, p. 173-96

Cette analyse peut avoir une importance puisque l’auteur "fait un compte rendu très analytique de l’important ouvrage de Jean Largeault "Enquête sur le nominalisme". Ce faisant, il regroupe aussi synthétiquement les divers sens du vocable "nominalisme" en les distinguant, de façon négative et positive, d’autres termes comme ceux de réalisme, conceptualisme, pseudo-nominalisme, formalisme" (The Philosopher’s index, p. 1125).

Cette étude critique peut être considérée comme une étude intéressante mettant en lumière les analyses de J. Largeault.


TWEEDALE, Martin M. "Abailard and non-things". Journal of the history of philosophy, 1967 (5), p. 329-346

TWEEDALE, Martin M. Abailard on universals. Amsterdam, North-Holland publisher company, 1976, 336 p.

Un des plus éminents spécialistes de la philosophie abélardienne et de la question des universaux au XIIe s.

Le premier article est cité dans son livre magistral "Abailard on universals". Dans cette monographie, l’auteur traite du nominalisme d’Abélard aux chapitres 3 à 6 et offre une importante bibliographie.


- Billet de Chartrand Saint-Louis

samedi 7 mai 2005

La jalousie

Qu’est-ce qui se passe dans un cerveau jaloux ? Qu’est-ce qui suscite ce flot d’émotions, parfois dévastatrices ?

L’article de Marie-Pier Elie sur « les vertus de la jalousie » permet d’en comprendre le mécanisme, de savoir ce qui la déclenche et ce qu’en dit la science.

La jalousie n’est pas une invention humaine. Sur plusieurs points, nous ne sommes pas différents des animaux. Nos réactions de jalousie sont commandées par des mécanismes biologiques « vieux comme le monde » ; la résultante des millions d’années d’évolution qui ont permis à l’être humain de survivre et de transmettre ses gènes. C’est ce qu’affirment les psychologues évolutionnistes.

Selon l’anthropologue Bernard Chapais, « seul le mâle manifeste de la jalousie au sein de la plupart des espèces animales, parce qu’il est le seul à en retirer un véritable avantage ». La raison principale en est l’incertitude paternelle. Une femme est la mère biologique de son bébé ; pour son compagnon, c’est loin d’être aussi certain. Un homme a donc tout avantage à limiter le nombre de concurrents à la course à la fécondation.

Les femmes ne sont pas pour autant épargnées par la jalousie. Leur jalousie a moins à voir avec la transmission de leurs gènes mais davantage à leur survie (au sein de leur progéniture). La jalousie leur permettrait de garder son « pourvoyeur » à ses côtés pour ne pas assumer seules le fardeau de la procréation.

Y a-t-il une différence entre les types de jalousie masculine et féminine ? Selon des recherches, il y en aurait une.

Le psychologue américain David Buss a demandé à plusieurs sujets d’imaginer leur partenaire en relation avec une autre personne selon deux scénarios (dans le premier, le partenaire avait un rapport sexuel avec l’autre personne ; dans le second, il en tombait amoureux et développait un attachement profond envers elle). Le premier scénario générait une détresse plus importante chez les hommes (60%) alors que les femmes (83%) trouvaient le second plus menaçant. Ces résultats ont été corroborés par plusieurs autres études.

Les hommes préfèrent donc l’infidélité émotionnelle de leur compagne ; les femmes optant davantage pour l’infidélité sexuelle (un moindre mal, compte tenu de l’idée encore répandue qu’un homme peut avoir une relation sexuelle avec une autre femme sans éprouver quoi que ce soit à son endroit).

Qu’est-ce qui se passe dans un cerveau jaloux ?

Il semble que ce soit très difficile à cerner. La jalousie ne serait pas une émotion biologique mais davantage un trouble de la relation avec les autres (Jean-Didier Vincent, neurobiologiste).

Des expériences ont été tentées pour soigner des patients trop jaloux à l’aide de médicaments qui modifient le niveau de sérotonine. Les antidépresseurs faisaient disparaître les symptômes mais la passion s’en trouvait éteinte elle aussi.

La jalousie : piment et ciment du couple ? Il semble que oui. Sans jalousie, l’amour serait insipide ; toutefois, en quantité excessive, il deviendrait invivable.

Les femmes susciteraient intentionnellement la jalousie afin d’intensifier l’engagement de leur partenaire, pour renforcer sa confiance en elles ou pour tester la solidité de leur union. Les hommes auraient recours à d’autres tactiques pour conserver leur partenaire (vigilance, attention accrue à sa compagne, parfois même la violence).

Quand la jalousie devient-elle pathologique ? Lorsqu’elle est suscitée par une menace purement imaginaire (Serge Lecours, professeur à l’Université de Montréal).

Où se trouvent les racines de la jalousie ? De plus en plus de chercheurs rattachent la jalousie à la petite enfance. La thèse retenue : la jalousie serait apparue en guise de réponse à la compétition que se livraient les rejetons pour obtenir les ressources limitées de leurs parents (dans la peur de perdre une ressource au détriment d’autrui).

La jalousie et l’envie sont-elles à distinguer ? Oui, en effet. La Rochefoucauld faisait cette remarquable distinction : « La jalousie est en quelque sorte juste et raisonnable puisqu’elle ne tend qu’à conserver un bien qui nous appartient ; au lieu que l’envie est une furieuse qui ne peut souffrir le bien des autres. »

Source principale :

Elie, Marie-Pier, « Les vertus de la jalousie », Québec Science, mai 2004, p. 15 à 21

Autres références :

Buss, David, Les stratégies de l’amour : comment hommes et femmes se trouvent, s’aiment et se quittent depuis 4 millions d’années, Paris : Interéditions, 1994
Kirouac, Gilles, Cognitions et émotions, Québec : Presses de l’Université Laval
Kirouac, Gilles, Les émotions, Sillery : Presses de l’Université du Québec, 1990
Pasini, Willy, La jalousie, Paris : O. Jacob, 2004
Pasini, Willy, À quoi sert le couple ?, Paris : O. Jacob, 1996
Pasini, Willy, Nourriture et amour : deux passions dévorantes, Paris : Payot : Rivages, 1995
Vincent, Jean-Didier, Biologie des passions, Paris : O. Jacob, 1994

vendredi 29 avril 2005

La génomique

Il s’agit d’un type de recherche qui s’intéresse particulièrement aux interactions et aux modes d’expression des gènes.

L’une des principales finalités de ces recherches est la création de traitements médicaux très innovateurs.

Bien évidemment, ces recherches ne sont pas sans soulever des questions éthiques, juridiques et sociales.

Génome Québec est un grand projet collectif québécois qui rassemble l’industrie, les gouvernements, les universités, les hôpitaux, les instituts de recherche et le public autour du projet national de recherche en génomique.

- Billet de Chartrand Saint-Louis

samedi 1 janvier 2005

Cris et chuchotements (Ingmar Bergman)

Bergman introduit dans ce film une frontière très fluide entre le rêve et la réalité. Il y a beaucoup de huis clos dans ce film dont l’histoire se déroule dans un milieu lui-même très clos. La grande distance entre les personnages cherche à exprimer leur sécheresse affective. Les gros plans permettent de pénétrer dans l’intimité des personnages. Les fondus au rouge donnent l’impression que l’on souffle sur des braises. Le rouge connote la vie intérieure et l’intimité. On peut aussi faire un lien entre ces fondus au rouge et la chaleur du personnage d’Anna. Ce personnage (qui réconforte la mourante) est maternel, affectueux et charnel. Il offre un grand contraste avec celui des soeurs (sèches et tendues entre elles). Ce film est très austère. Il y a un grand dépouillement sonore. Quelques dits (et des « cris ») et beaucoup de non-dits (« chuchotements »). Le temps s’écoule lentement. Les longs plans expriment cette dimension temporelle. La mort est filmée comme un accouchement. Elle est aussi présentée comme une renaissance.
- Billet de Chartrand Saint-Louis