dimanche 17 décembre 2006

Daniel Ducharme

Né à la toute fin des années 1950, j’ai grandi sous les trembles de l’est de Montréal sans trop savoir ce que j’allais devenir. Après des études de philosophie et d’histoire, j’ai opté pour une spécialisation en gestion de l’information, ce qui me permet de vivre à peu près comme tout le monde.

Plus jeune, j’ai écrit pour la télévision et joué dans un groupe de rock. Un peu plus tard, j’ai vécu dix ans à l’extérieur du Québec (Canada). De tout cela il ne reste plus grand-chose, si ce n’est mon souhait d’animer, en tant que dilettante convaincu, le site Écrire Lire Penser et mon site Web, et, bien entendu, de commettre ici et là quelques textes littéraires sans trop me prendre au sérieux.

En parallèle à mes activités de critique littéraire, j’ai publié des livres. Pour vous procurer mes livres, veuillez consulter ma fiche sur le site d’ÉLP éditeur.

vendredi 1 décembre 2006

Vivre heureux avec le strict nécessaire

Entraînez-vous quotidiennement à résister aux sollicitations du monde extérieur.

Redécouvrir ce que nous avons trop longtemps négligé : notre monde intérieur, avec tout ce qu’il contient de fascinant et d’inexploré.

L’abondance représente un danger pour nous tant que nous refusons d’accepter son contraire, c’est-à-dire la privation volontaire.

Le fait de s’imposer des restrictions déclenche simplement un processus régulateur tout à fait naturel.

Pour arriver à transformer vos habitudes, vous devez vous convaincre que cela en vaut plus la peine que de laisser les autres continuer à vous indiquer quoi faire de votre vie.

En vous soumettant à votre propre discipline, votre attitude face au quotidien se transformera pour le mieux, votre confiance en vous-même ira en grandissant et tout ce qui est inutile et superflu perdra de son attrait à vos yeux.

Soyez à l’écoute de vous-même jusqu’à ce que la réponse que vous cherchez vous soit donnée.

Prenez la peine d’entraîner votre instinct naturel à faire la distinction entre ce qui vous convient ou non.

Les malheurs de notre société d’abondance viennent justement du fait que les gens ont trop tendance à laisser les autres se charger de leurs difficultés.

Profiter pleinement des biens que nous possédons déjà, plutôt que de chercher constamment quelque chose de nouveau.

Chaque fois que vous le pouvez, marchez au lieu d’utiliser votre voiture.

Ne faites jamais de cadeaux pour des motifs inavoués, ou qui vous coûteraient davantage que ce que vous êtes prêt à débourser.

Lorsque vous faites un achat, demandez-vous : en ai-je réellement besoin ou est-ce que je me laisse simplement influencer par la publicité ou un vendeur ?

Ne dépensez jamais plus en une journée que ce que vos moyens vous permettent ce jour-là.

Si nous nous retrouvons aux prises avec des difficultés, c’est souvent à cause de notre trop grande hâte, et parce que nous n’osons pas aller au fond des choses.

Moins nous écoutons les conseils des autres, mieux nous apprenons à nous connaître.

Savoir renoncer au superflu constitue la première condition pour arriver à prendre des décisions personnelles en toute liberté.

Nous voulons être heureux rapidement et sans peine. Nous voulons l’être une fois pour toutes. Nous ne possédons pas la sagesse de jouir pleinement de chaque circonstance heureuse. Nous sommes constamment à la recherche de nouvelles occasions.

Combien de choses nous procurons-nous uniquement parce que cela correspond à notre statut social ?

Apprendre, c’est arriver à saisir les choses intuitivement.

Tout ce qui contribue à nous faire précipiter nos gestes, à alimenter nos peurs et tout ce qui nous empêche de nous fier à nous-mêmes, est totalement superflu dans nos vies.

- Billet de Chartrand Saint-Louis

Référence :

Kirschner, Josef, Vivre heureux avec le strict nécessaire ; trad. de l’allemand par Normand Paiement, Montréal : Le jour, 1983

jeudi 16 novembre 2006

Joindre un rédacteur

Si vous désirez envoyer un message personnel à l’un de nos auteurs, veuillez écrire à notre adresse de messagerie : chartrandsaintlouis@gmail.com.

Nous lui transmettrons volontiers votre message et le laisserons prendre l’initiative de vous écrire personnellement.

dimanche 12 novembre 2006

Maurice Roth

Maurice Roth est né à Nancy en 1933. Enfant juif, Maurice Roth connaît les affres de la persécution dans une France qui subit l’occupation nazie. Il est séparé de sa famille et vit caché dans des fermes et couvents. En 1944, avec l’aide de la Résistance, il fuit en Espagne et regagne la Palestine. Il retrouve sa mère, ses frères et soeurs en 1949, après neuf années de séparation. De 1961 à 1964, il fait l’Académie des Beaux Arts à Tel Aviv, où il étudie la peinture. En 1965, il reçoit la médaille d’argent des jeunes artistes à Rome. La même année, il obtient une bourse du gouvernement français pour étudier à l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts à Paris. Il expose ses œuvres en Israël de 1966 à 1970. En 1970, il obtient une bourse du gouvernement mexicain où il expose dans toutes les grandes villes du Mexique. En 1982, il visite les cachettes de son enfance et entreprend son premier livre « L’enfant coq ». En 2001, son livre sort en France sous les Éditions Le Capucin. En 2002, son deuxième livre, « Un nuage sans ciel » sort en Israël et, en 2004, il paraît en France, toujours sous les Éditions Le Capucin. « Un nuage sans ciel » est diffusé en Allemagne la même année sous les Éditions Verlag Kostanz. Maurice Roth a travaillé sur un nouveau livre, « Deux qui font un » qui est sorti en 2007.

vendredi 3 novembre 2006

Cure de nature

Notre relation à la nature est problématique. Au fil des siècles, nous l’avons domestiquée, contrôlée, subordonnée à notre seule volonté et nous continuons à le faire. L’exploitation des ressources naturelles est à présent si maximisée que l’environnement en est sérieusement menacé.

Nous développons un rapport malsain envers la nature en ne la respectant pas. Il en est de même pour tous nos autres rapports au monde, comme celui de la relation de couple où, sans respect mutuel, il ne peut y avoir de relation satisfaisante.

Ce que nous avons oublié, et que nous oublions constamment, c’est que nous faisons partie intégrante de la nature au même titre que tous les éléments qui la constituent. La Terre est un seul tout, et l’ensemble de ce qui l’habite en fait partie, tant les êtres humains que tout le reste. Chaque espèce devrait être respectée pour ce qu’elle est, et non uniquement en fonction de ce qu’elle peut apporter à l’espèce humaine.

Sans l’équilibre de la nature, pouvons-nous réellement nous épanouir ? Il est à craindre que non. En orientant nos actions pour favoriser une direction harmonieuse avec la nature, il y a de fortes chances que nous parviendrons à trouver un équilibre en soi et autour de soi.

Albert Einstein décrit une rencontre avec la nature (Correspondance, Paris : Inter Éditions, 1980, p. 35) :

« 10 décembre 1931 : jamais auparavant, je n’ai vécu un orage comme celui de cette nuit... La mer revêt une grandeur indescriptible, particulièrement quand les rayons du soleil l’atteignent. On se sent, pour ainsi dire, dissous dans la nature et l’on se confond en elle. On perçoit, plus encore que d’habitude, l’insignifiance de l’homme, et cela rend heureux. »

En nous rapprochant de la nature, nous profitons en quelque sorte d’une ouverture pour pénétrer en soi, aller au fond de soi-même et entreprendre le dialogue intérieur.

Le silence que procure la nature favorise le recueillement et ralentit le rythme. Nous prenons alors conscience que tout n’est pas parfait et n’a pas à l’être, que nous pouvons évoluer autrement, qu’il n’est pas essentiel de garder une attitude de contrôle dans tout et sur tout, et que la course folle contre la montre conduit à des problèmes de santé et à l’appauvrissement de notre qualité de vie.

Serge Mongeau, ce grand humaniste, juge qu’il faudrait que la plupart des habitants des pays industrialisés suivent une « cure de nature », qu’ils aient l’occasion de se découvrir dans la nature. S’il n’existe pas d’endroit où l’on organise des cures de nature, rien n’empêche de s’organiser pour reprendre contact avec la nature. Si tous ne disposent pas d’un coin de terrain, il y a au moins un parc ou quelques espaces verts près de son quartier. Tous devraient tenter d’établir une relation stable avec elle par le jardinage (les jardins communautaires), par la pratique régulière d’une activité de plein air, par la participation à un club d’observation d’oiseaux ou de cueillette de champignons. Tous devraient aussi essayer de découvrir les possibilités de leur corps : ses capacités, sa beauté et ses limites.

Il n’est plus possible de redonner à la nature sa vigueur originelle. Le mieux que nous pouvons faire est de donner à la nature les moyens de se reconstruire elle-même (nous avons déjà tant défait). Ce n’est pas la présence humaine qui est nocive à la nature, c’est un « certain type » de présence humaine dont celui qui fait de la nature un bien de consommation qu’on s’achète occasionnellement, certaines fins de semaine ou pendant les vacances.

Nous devons cesser de la détruire (et, par voie de conséquence, de nous détruire) par notre consommation effrénée en tâchant de sauver ce qui est en danger et en réparant ce que nous avons détruit. Comme le dit Serge Mongeau, cette tâche s’impose à nous avec une « clarté éblouissante ».

La terre est un être vivant dont l’équilibre à long terme dépend de tous ses constituants. Tout cela cohabite et participe de la même vie.

Il n’est jamais trop tard pour se questionner et se demander : « Qui suis-je ? » « Quel est mon rôle sur cette terre ? » « Pourquoi ne pas agir avec plus d’humilité et de détachement? » Le rapprochement avec la nature ne peut que favoriser ce questionnement.

Source :

Mongeau, Serge, La belle vie ou le bonheur dans l’harmonie, Montréal : Libre Expression, 1991

mardi 24 octobre 2006

Michaël Adam

Né à Paris en 1939, Michaël commence sa vie saisi par une guerre de laquelle six millions de ses frères ne reviendront pas. Réfugié à la campagne dès 1942 chez des villageois de Frétoy-le-Château, l’enfant est pris en otage par les nazis en 1943, à la suite de la liquidation d’un soldat allemand par les résistants. À l’âge de quatre ans, il connaîtra la faim, la séparation et les prisons froides de Compiègne et de Pithiviers, puis il sera interné au camp de Drancy où il séjournera une année durant. Là, il découvrira la vie et les hommes par le biais des fusils, des uniformes, de la mort et des maladies, des larmes et de la peur. En 1945, atteint de la gale, il est évacué sur l’hôpital Rothschild à Paris, jouissant d’un régime de « faveur » en tant que fils de prisonnier de guerre. À la Libération, il réintègre la société des enfants parisiens qui ont connu la guerre en famille et au chaud. Le choc est dur, l’enfant ne s’adapte pas. Les souvenirs tout frais et les troubles affectifs le rendent inapte à faire face aux conditions normales de la vie. À partir de là et jusqu’à l’adolescence, ce seront les psychiatres, les électrochocs, les maisons d’« observation », avec tout ce que cela comporte d’instabilité, d’amertume et de frustrations.

En 1955, il essaie de trouver sa voie en se joignant à un mouvement de jeunesse sioniste. Trois années plus tard, âgé de dix-huit ans, il part créer avec son groupe un nouveau Kibboutz en Israël. Licencié en Pédagogie et en Philosophie, cadre à l’Université Ben-Gourion de Beer-Shéva, Michaël est aujourd’hui à la retraite. Il fait également partie de l’Association Israélienne des Traducteurs et représente, en Israel, plusieurs associations littéraires et poétiques françaises. En collaboration avec son épouse, Haya, il est l’auteur de nombreuses traductions en hébreu de classiques français, parues ces dernières années. Il écrit également des nouvelles et des poèmes en français et en hébreu, primés et laurés pour la plupart en France.

En 1988, les éditions Tammuz publient en Israël la version hébraïque de trois de ses nouvelles : « La rupture », « La Névrose » et « Les Enfants du Mâchefer ». « Les Enfants du Mâchefer » ont gagné le prix Jean Moulin de la Résistance et ont été publiés en version française chez l’Harmattan. Ils viennent d’être traduits en allemand dans la revue L’Obsidian.

« Les Enfants du Mâchefer est le reflet d’une vie où tout y est : la mort, l’amour, la peine, la laideur, la misère, l’espoir et la beauté. Tout s’y trouve concentré, il n’y manque que le sens de l’humour : cette arme secrète, il la garde pour survivre . »

vendredi 15 septembre 2006

L'amour véritable

Il est très difficile d’aimer véritablement, car l’amour exige, avant tout, l’acceptation inconditionnelle de l’autre. Pour aimer vraiment, il faut accepter l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Si l'on dit de quelqu’un : « Je l’aime, mais... », on ne l’aime pas ! Le « mais » est de trop ! Il signifie qu’on n’est pas certain de son amour. C’est comme si l'on disait : « Je l’aimerais, à la condition que... »

Dans l’amour véritable, il n’y a pas de poisons, telles la jalousie, la rancœur, la possessivité. L’amour exige le respect total de l’autre; de la liberté de l’autre. Il ne peut y avoir d’entrave, ni de contrainte. L’amour est une fleur délicate qui ne s’épanouit que dans son individualité. L’amour ne se développe que dans la liberté absolue et non pas à l’intérieur d’une cage.

On ne peut aimer et vouloir changer l’autre ou exiger la perfection. En exigeant la perfection, on ne récolte que la tricherie, car personne n’est parfait. L’autre devra tricher et donner une image fausse de lui-même. Dans cette situation, aucun amour n’est possible. Immanquablement, l’autre va revenir à son naturel et il y aura conflit. La personne qui exige la perfection est incapable d’aimer. Si elle se croit parfaite, elle se ment à elle-même.

Première condition : ne rien exiger de l’autre. S’il nous aime, il faut s’en réjouir , car l’amour est le plus beau cadeau de la vie. Si on commence à exiger, on ferme la porte à l’amour, car les contraintes et l’amour ne vont pas ensemble. Il faut être reconnaissant et le démontrer, même dans les petites tâches quotidiennes. Il faut savoir dire « merci ». L’amour a une immense soif de reconnaissance.

Deuxième condition : pour obtenir l’amour, il faut le donner. C’est en donnant que l’on reçoit. Hélas, les gens se préoccupent davantage de la façon d’obtenir. Quand ils donnent, ils le font souvent à contrecoeur ou en espérant obtenir quelque chose en retour. Ce n’est plus de l’amour, c’est du marchandage. En agissant ainsi, on passe à côté de l’amour. Pensons à toutes les merveilles que la nature nous offre, sans exiger quoi que ce soit en retour. L’amour ne grandit qu’en le donnant sans idée de retour.

Troisième condition : pour que l’amour se développe, il faut que l’unité du couple se cimente dans le respect de l’individualité de l’autre. Deux personnes matures qui s’aiment, doivent s’aider mutuellement à devenir aussi libres que possible. Il ne doit y avoir aucun esprit de domination. Comment peut-on aimer une personne et vouloir la dominer en même temps ? Plus la liberté est respectée, plus le couple devient uni. L’amour ne s’épanouit que dans la liberté. En érigeant des barreaux ; en construisant une prison, aussi dorée soit-elle, on tue l’amour.

L’amour est comme une fleur et la fleur n’est heureuse que lorsque son parfum est libéré aux quatre vents. On ne peut la faire pousser en tirant sur ses pétales. Elle ne s’épanouit qu’en puisant elle-même dans la terre, la nourriture dont elle a besoin. Ce qui ne l’empêche nullement de se joindre aux autres fleurs pour former un magnifique jardin.

– Billet de Jean-Claude St-Louis

lundi 4 septembre 2006

Je suis là, j’écoute

Autour de moi, les gens planifient des projets et se tournent vers l’avenir.

Mes enfants sont loin et très occupés, leur mère aussi.

Mes amis sont partis, désintéressés.

Tous ces gens font des choses importantes, ils sont intelligents.

Moi, je suis là, j’écoute mes MP3 et la vie s’écoule lentement.

J’approche de la fin mais j’aime les fleurs.

- Billet d'Albert

vendredi 23 juin 2006

Le couple en crise

Le couple québécois est en crise. Il y a, actuellement, la moitié des couples qui divorcent après quelques années de mariage seulement et près de 30% de ceux qui restent en couple, se disent malheureux. Soit qu’ils se résignent ou qu’ils s’endurent. Il ne reste donc qu’un maigre 20% des couples qui se disent heureux de vivre ensemble. Et pourtant, les gens continuent de se marier comme si de rien n’était. Étonnant, quand même ! Dans quelque domaine que ce soit, on n’accepterait jamais un maigre 20% de réussite. Si une entreprise ne vendait que 20% de ses produits, elle ne resterait pas longtemps en affaires et personne n’oserait prendre la relève.

Bizarrement, le mariage ne perd pas de son attrait, malgré sa faillite évidente. Serait-ce dû à l’attrait sexuel ? Sûrement pas, puisque après un an de mariage, 45% des couples interrogés, se disent insatisfaits sexuellement. Plus les années passent, plus le taux d’insatisfaction augmente. Devant ces statistiques, pour le moins alarmantes, la grande surprise est de voir la réaction des gens face au mariage. Ils continuent de reproduire un concept qui ne fonctionne pas. Aux États-Unis seulement, 95% de la population se marient au cours de leur vie et malgré l’échec de leur premier mariage, 80% de divorcés tentent un deuxième et même un troisième mariage. Au Québec, les gens se marient moins, mais l’échec de ceux qui vivent en couple est aussi élevé.

Quand on constate que le risque de divorce est passé, depuis un siècle, de 5% à 67% pour un premier mariage et à 77% pour un second, il y a définitivement quelque chose qui ne tourne pas rond. Mais alors, pourquoi se marie-t-on ? Il semble qu’il y a, dans plusieurs êtres humains, un profond gouffre émotif. Pour certains, les parents ont été peu présents, occupés par leur carrière respective, et personne n’a été aimé autant qu’il l’aurait souhaité. Alors, il y a un vide à combler et le couple est le moyen le plus simple et le plus facile de remplir ce vide. D’ailleurs, pour la grande majorité des gens, « trouver un compagnon ou une compagne » est ce qu’il y a de plus important dans leur vie. Il faut remarquer la vitesse à laquelle les nouveaux couples décident de cohabiter. Un mois ou deux, au maximum. C’est insensé et pourtant, c’est la norme.

Il semble également que la solitude soit très difficile à supporter. Constamment entourés, les jeunes n’apprennent jamais à apprivoiser la solitude. Ils ne savent même pas ce que c’est. La solitude est pour eux, une inconnue et l’inconnu fait peur. Très tôt, les adolescents plongent, tête première, dans le sport, la musique, les programmes télévisés, les ordinateurs, etc., qui les investissent totalement. Ils sont, avant même de faire face aux responsabilités, dans une fuite éperdue de la solitude. Sans connaissance d’eux-mêmes, ils sont terriblement fragiles, vulnérables et carencés. Ils plongent donc dans la relation de couple, ne pouvant supporter la solitude qui leur fait peur.

Hélas, dès que le couple est formé, surviennent rapidement les désillusions. Le grand problème est que l’homme et la femme recherchent, chez le sexe opposé, des choses qui ne sont pas conciliables, exemples :

Les femmes recherchent :

1- Un homme sérieux qui les rassure.
2- Un homme qu’elles vont pouvoir changer.
3- Un homme un peu rebelle, mais docile et soumis.
4- Un homme avec un bon sens de l’humour, mais responsable.

Les hommes recherchent :

1- Une femme qui les allume.
2- Une femme bien dans sa peau.
3- Une bonne mère (surtout pour eux !)
4- Une maîtresse passionnée.

À ce stade, se joue l’avenir du couple et il devra se faire un tas de compromis. Car dès que le couple est formé et que la cohabitation débute, les compromis sont absolument nécessaires à sa survie. Il ne peut en être autrement quand deux êtres, aux idées aussi diamétralement opposées, décident de vivre ensemble. Comme l’écrit Paule Salomon, dans son livre « Les hommes se transforment » : « le potentiel de destruction porté par la lutte des sexes, s’il est minimisé culturellement, n’en est pas moins terriblement agissant. Aucun couple ne peut considérer qu’il sautera à pieds joints sur la lutte des sexes et qu’il sera dispensé de traverser les handicaps relationnels que sont le fusionnel, le concept dominant-dominé, le conflit, etc. »

Même s’il ne veut pas l’admettre, l’homme a besoin d’une deuxième mère. Devenu adulte, il a encore besoin d’être materné. La plupart des hommes l’avouent d’emblée : sans la présence d’une femme, leur vie serait un dérapage non contrôlé. Ils ont besoin de l’encadrement d’une femme, de son côté organisé. L’homme devient alors dépendant de sa femme, tout comme il a été dépendant de sa mère. Il a également besoin d’une femme pour assumer les contingences de la vie de couple. Du côté de la femme, son souhait le plus cher est celui de changer son homme, afin qu’il réponde à l’idée qu’elle s’est faite de l’homme de ses rêves. Le fossé entre les sexes, qui s’était déjà creusé, dans le concept dominant-dominé, retrouve l’occasion de s’approfondir, de devenir une fracture douloureuse. L’homme est confronté à un dilemme : croyant se libérer, en suivant les diktats de sa femme, il en arrive à se soumettre entièrement afin de sauver son couple. Il n’agit plus en homme véritable, car, ce faisant, la femme devient la mère et l’homme, le petit garçon obéissant. Or, les femmes ne font pas l’amour avec leurs enfants. Elles ont besoin d’un homme, d’un vrai ! Le constat est navrant, mais la dynamique du couple est, sous sa forme actuelle, dans un cul-de-sac.

Deux visions différentes

Il s’est écrit des centaines de livres sur le couple et ce qu’il y a d’étonnant, c’est la vision totalement différente que l’homme et la femme en donnent. Dans son livre « L’homme Whippet : le couple québécois en miettes », Charles Paquin n’y va pas par quatre chemins pour mettre sur le dos de la femme, l’échec du couple. Selon lui, l’homme Whippet serait comme le biscuit qui porte le même nom : « dur en dehors, mou en dedans ». Le mot « Whippet » fait également référence à cette race de chien, où la femelle est beaucoup plus dominante que le mâle. Cet homme « Whippet » ressemblerait au mâle québécois actuel de 30 à 40 ans, qui vit en couple, mais qui est profondément malheureux. Et la pauvre condition de l’homme serait due aux femmes. L’homme serait une victime et la femme, un bourreau. De façon souvent inconsciente, la femme prendrait avantage de la mollesse de l’homme pour imposer sa vision des choses et l’homme ne ferait que suivre la parade.

Au début de la relation, la femme se ferait douce, sexy, ouverte aux désirs de l’homme, mais, une fois le cœur de l’homme gagné, ce serait le grand ménage. Place à ses besoins à elle. À partir de ce moment, l’homme deviendrait son esclave. Après quelques mois de mariage, la femme commencerait à dénigrer son homme. Aucun homme n’arriverait à correspondre à l’image idéale que la femme se ferait de l’homme. Elle le voudrait tendre, mais viril ; téméraire, mais soumis. Voilà pourquoi l’homme nagerait dans le désarroi le plus total et qu’il ne réussirait jamais à satisfaire une femme. L’homme abdiquerait, se laisserait emporter par le courant et se soumettrait. L’homme de l’après féminisme, serait devenu un homme mou qui se laisserait manger la laine sur le dos par la femme, sa femme. Et, dans cette situation, il serait malheureux.

Dans leur livre « Messieurs, que feriez-vous sans nous ? » Cheryl Benard et E. Schlaffer, affirment que les femmes, dans le mariage, faciliteraient l’existence des hommes, en leur évitant de nombreux tracas quotidiens. Les hommes s’attendraient à ce qu’elles satisfassent leurs moindres désirs et caprices : qu’elles repassent leurs chemises, les conseillent sur le choix de leur carrière, sur l’achat de leurs vêtements ; qu’elles les dorlotent comme une mère, devinent ce qu’ils sont incapables d’exprimer, bref : qu’elles organisent leur vie. Non seulement la liste des tâches que les femmes devraient accomplir serait longue, mais elle friserait le ridicule. Car, en plus de choisir leurs vêtements, de planifier leur vie, de ranger leurs affaires, de mettre de l’ordre dans leurs idées et leur rappeler à quel moment, ils doivent récupérer leurs enfants issus d’un premier mariage, les femmes devraient faire en sorte de tout planifier et de trouver une solution à tous leurs problèmes.

Si, dans leur vie professionnelle, les hommes sont parfois capables d’initiative, il en serait tout autrement dans leur vie privée où ils feraient preuve de mollesse et d’indécision, selon les auteurs du livre. La plupart du temps, ce serait la femme qui pousserait l’homme à fonder un foyer. Dans bien des cas, l’homme serait redevable à la femme de son développement personnel. Quand les choses ne tourneraient pas rondement pour lui, ce serait la femme qui l’inciterait à consulter un spécialiste. La quête d’identité de l’homme nouveau passerait, en grande partie, par la femme. Bref, la femme incarnerait un principe organisateur qui s’occuperait de tous les aspects de la vie de l’homme.

Selon les auteurs féminins, les hommes auraient tout simplement cessé d’évoluer. Pendant que les femmes progressaient sur la voie de l’émancipation, les hommes se seraient contentés de faire du sur-place. Or, dans la vie de couple, il ne pourrait en être ainsi. Dans chaque étape de la vie à deux, les femmes se verraient obligées d’assumer, à contrecœur, toutes les responsabilités. Au point que les femmes n’auraient pas le choix, ce seraient elles qui réclameraient le divorce, même si la chose leur répugne. D’une certaine manière, les hommes seraient tellement mous, ferait observer une interlocutrice !

Faut-il s’étonner, devant des visions aussi diamétralement opposées, que la vie de couple soit si difficile et que l’échec soit si fréquent !

– Billet de Jean-Claude St-Louis

Références:

Benard, C. et E. Schlaffer, Messieurs, que feriez-vous sans nous ? ; traduit de l’allemand par Normand Paiement, Montréal : Le Jour, 1994.

Dallaire, Yvon, S’aimer longtemps ? l’homme et la femme peuvent-ils vivre ensemble ? Québec : Option santé, 1998.

Paquin, Charles, L’homme Whippet : le couple québécois en miettes, Chicoutimi : Éditions JCL, 2004.

Salomon, Paule, Les hommes se transforment : l’homme lunaire, Paris : Albin Michel, 1999.

dimanche 16 avril 2006

La résilience

Excellent article du psychologue Jean Garneau (1941-2005), co-fondateur de Ressources en Développement, sur « enseigner la résilience », tiré du magazine électronique gratuit « La lettre du psy », volume 9, no. 1, janvier 2005.

L’article énumère les facteurs essentiels de résilience (accueil, expression et reconstruction) et discute de la création des conditions favorables à sa réalisation, soit l’accueil, la transformation intérieure par l’expression et la liberté de se reprendre en mains. Un article pertinent pour comprendre les mécanismes de changement (au cœur de la reconstruction) qui permettent de mieux faire face à l’adversité.

La résilience signifie le fait de poursuivre un développement après un traumatisme, un choc émotif ou une grande blessure. Les deux mots-clés qui décrivent la démarche thérapeutique sont l’affection et le sens.

Selon Boris Cyrulnik (neurologue, psychiatre, psychanalyste mais aussi éthologue), l’amour est un processus évolutif. Biologiquement, elle nous rend plus accessible à l’autre. En dépit des blessures d’amour, l’être humain peut apprendre à aimer plus légèrement, c’est-à-dire d’une manière qui permet à l’autre d’être distinct de soi (amour léger mais non pas superficiel) et qui n’exige pas qu’il soit constamment avec nous (amour lourd).

Pour aller au-delà des blessures d’amour, nous vous recommandons la lecture de son livre intitulé Parler d’amour au bord du gouffre, Paris : O. Jacob, 2004

jeudi 16 mars 2006

Une fille des nations d’autrefois

Entendez-vous ma voix qui lance son appel dans le vent ? Ma voix derrière les cris aigus des enfants ? Mêlée à celle des hommes ? Lorsqu’elle s’élève en un chant ? Lorsqu’elle murmure une prière ? Mon rire qui jaillit après les larmes inévitables ? L’entendez-vous maintenant ?

Ma mère m’a appelée à elle avant ma naissance ! Elle m’a cherchée dans ses rêves et a supplié les esprits pour que son appel soit entendu. Après ma conception, alors que j’étais repliée sur moi-même en son ventre, les femmes plus âgées sont venues s’asseoir à ses côtés. Savantes en matière d’éducation des enfants, elles lui ont prodigué leurs conseils. Ma mère les a écoutées, car c’était pour elle et pour moi que les nations vivaient. Ainsi me fut donnée la vie !

À peine née, on m’a donné un nom par lequel je serai connue dans le cosmos. Puis on a chaussé mes pieds de mocassins, afin de symboliser le chemin que j’allais suivre dans ce monde physique. On m’a brandie dans les airs et présentée à l’aube. Je garde le souvenir de mains douces et chaudes qui se tendaient vers moi, caressant mon visage et mon ventre. Je garde le souvenir des mains qui me nourrissaient ; le souvenir de voix de femmes, de berceuses fredonnées à mes oreilles et de rires prodigués. Je garde le souvenir de yeux noirs et vifs qui plongeaient dans les miens, grand ouverts sous l’effet de la surprise et de la joie chaque fois que j’accomplissais quelque chose par moi-même ; des yeux qui me parlaient avec éloquence de ce que je suis : une fille des nations d’autrefois !

Les saisons passèrent et je devins une jeune fille. J’aidais ma mère et les autres femmes à rassembler et à préparer la nourriture. On me confiait les enfants les plus jeunes. Les personnes âgées, elles aussi réclamaient mon aide. Un jour, ma mère et ma grand-mère me dirent que j’aurais bientôt ma propre demeure. Je l’attendis car elles m’avaient toujours tenu le langage de la vérité absolue. J’attendis et me préparai. Quand la famille d’un jeune homme vint me chercher, je partis avec elle comme on m’en avait avertie. J’avais seize ans alors, et mon mari quatre de plus.

Au bout d’un moment, j’eus des enfants qui ressemblaient à leur père. Tandis qu’ils trottinaient ici et là, je confectionnais des vêtements pour eux, pour lui et pour moi. Lorsqu’ils étaient terminés, je fabriquais des poteries et des paniers. Mes mains étaient toujours actives, jamais lassées. Mes enfants grandirent pour vivre leur vie et, un jour, je me rendis compte que de nombreuses saisons s’étaient écoulées.

Ma vie a assez duré ! Sentir la douceur du souffle de mes enfants et les porter sur mon dos, voilà pourquoi j’ai vécu. Quand vint le moment de quitter le monde physique pour celui des esprits, j’avais été trop bien initiée pour en déplorer la perte. J’avais vécu autant qu’il est possible comme un élément de la famille cosmique sacrée, un élément du flot cristallin qui se perpétue à travers les âges. J’avais vécu pour voir mes arrière-petits-enfants brandis dans les airs et présentés à l’aube.

Maintenant je sais que l’existence n’a pas de fin et que mon moi spirituel a toujours vécu. Alors souvenez-vous de cela lorsque vous entendez ma voix dans le vent et que vous touchez les objets que j’ai fabriqués. Tout ici a été fait par amour ; l’amour des enfants, des nations de jadis et du grand rêve cosmique qui emplit l’univers et nous fait vivre !

L’esprit des indiens.

– Billet de Jean-Claude St-Louis

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Cette légende indienne a été inspirée par le magnifique livre d’Anna Lee Walters, L’esprit des Indiens ; traduit de l’américain par Danièle et Pierre Bondil, Tournai : Renaissance du livre, 1998.

dimanche 19 février 2006

Conseils pour décrocher du milieu du travail

Se laisser des messages ;

Apprendre à dire non ;
(un dossier de plus quand on est submergé ? Une promotion au moment où on veut prende davantage de temps pour soi ou pour sa famille ? Les refuser ! Surtout, ne pas se sentir coupable !)

Renouer avec notre corps ;
(un massage, une séance dans un spa ou toute autre activité qui chasse les tensions, apaise l’esprit en ébullition et procure un bien-être général)

Apprendre à déléguer ;

Lire pour le plaisir ;

Décider de l’heure à laquelle on quittera le bureau (dès le matin) ;

Faire du bénévolat ;

Faire silence ;
(éteindre cellulaire, téléavertisseur, radio ou téléviseur, après une certaine heure)

Dresser une liste des choses à faire pour le lendemain ;

Adopter un animal de compagnie ;

Rentrer à pied à la maison ;
(si on habite trop loin pour marcher jusqu’à la maison, descendre une ou deux stations de métro plus tôt ou stationner l’auto plus loin du bureau)

Fuir les 5 à 7 du bureau ;
(décrocher, c’est aussi tirer un trait sur les conversations qui ne tournent qu’autour du boulot)

S’autocensurer ;
(faire un pacte avec nos amis ou nos collègues : on ne parle pas du boulot, à moins d’un événement majeur)

Élaborer des projets personnels ;
(préparer un voyage, planifier une activité ou jardiner)

Ne rien faire ;
(s’allonger et se permettre de rêver, laisser vagabonder notre esprit)

Consacrer du temps à ses amis ;
(pour flâner ou se redécouvrir)

Organiser ses weekends ;
(un brunch entre amis, une matinée au concert ou une sortie au cinéma)

Prendre le temps de décompresser ;
(prendre le temps qu’il faut après, passer à autre chose)

Suivre des cours ;
(danse, tricot ou yoga, ... pour s’obliger de quitter le bureau et se ressourcer)

S’accorder une marge d’erreur ;
(s’accorder le droit à l’erreur et aux petits oublis inévitables enlève de la pression)

Entreprendre une thérapie.
(pour mieux réfléchir à notre mode de vie et à l’importance que l’on accorde au travail. Il sera possible après de prendre des décisions éclairées).

mercredi 15 février 2006

Stress sans détresse
(Hans Selye)

Hans Selye, éminent chercheur d’origine autrichienne, fut un grand homme de science mondialement connu pour avoir découvert et étudié le stress.

En 1956, il faisait paraître un ouvrage qui le rendra célèbre, « Le stress de la vie ». Dans ce livre, le Dr Selye traitait d’un nouveau concept, « le syndrome d’adaptation », ou « l’ensemble des modifications qui permettent à un organisme de supporter les conséquences physiopathologiques d’un traumatisme naturel ou opératoire. »

Grâce à ses recherches, un nouveau vocable allait naître : « le stress ». Il a admirablement bien vulgarisé cette notion dans son ouvrage publié en 1974, « Stress sans détresse » (quel ingénieux titre !). Dans ce livre, il donna une définition simple et claire de ce qu’est le stress : « Le stress est la réponse non spécifique que donne le corps à toute demande qui lui est faite ». À la lecture de cet énoncé, nous percevons nettement que le stress n’a pas (d’une manière inhérente) une composante négative. Comme il le disait si bien, le fait que l’agent stressant soit plaisant (joie) ou non (désespoir) est sans importance, son effet dépend de l’« intensité de la demande » faite à la « capacité d’adaptation » du corps.

Il est question de « détresse » lorsque le stress devient nuisible ou désagréable. Les tensions mentales, les frustrations et l’insécurité sont des stresseurs très nocifs. Lorsque l’agent stressant a disparu ou cessé d’agir, les effets du stress ne cessent pas aussitôt, ils peuvent se prolonger.

L’auteur mentionnait deux voies principales de survie : la lutte (attitude catatoxique) et l’adaptation (attitude syntoxique).

Résumons en quelques points les principales prescriptions du Dr Selye pour parvenir à contrer les effets nuisibles du stress :

Simplicité dans les habitudes de vie ;
Évitez les complications inutiles ;
Gagnez la bonne volonté d’autrui ;
Efforcez-vous d’oublier ce qui est laid et pénible, mais inévitable ;
Crevez l’abcès au lieu de prolonger la douleur ;
L’activité est une nécessité biologique.

L’auteur faisait remarquer qu’il n’y a rien de plus destructeur que de rester inactif et dans l’absence totale de stimulation.

Toujours et préalablement à toute démarche : « la connaissance de soi ». C’est en découvrant « notre » niveau de stress optimal que nous pourrons par la suite utiliser « notre » énergie d’adaptation à « notre » rythme et dans un sens conforme à « notre » personnalité.

Le stress est nécessaire à la vie. Sans stress, il n’y a pas de vie, c’est la mort.

– Selye, Hans, Stress sans détresse, Montréal : Les Éditions La Presse, 1974

vendredi 10 février 2006

Bernard Clavel

Bernard Clavel est né le 29 mai 1923, à Lons-le-Saunier, dans le Jura, d’un père boulanger et d’une mère fleuriste. À quatorze ans, il travaille comme apprenti boulanger et occupe trente-six métiers par la suite. Vers l’âge de trente ans, il commence à écrire et devient un des auteurs les plus prolifiques.

Il a, à son actif, 94 livres et a obtenu 20 prix littéraires, dont le prix Goncourt. Certains de ses romans ont atteint des tirages de plusieurs millions d’exemplaires et ont été traduits dans plus de 20 pays. C’est un type qui a la bougeotte, ayant déménagé à 42 reprises. Il a vécu au Québec, en particulier à Saint-Télesphore, de 1974 à 1988. En 1977, il épouse une québécoise Josette Pratte, écrivain comme lui, qui lui fait découvrir le Grand Nord québécois. Il est fasciné par l’hiver et par la colonisation de l’Abitibi, dans les années trente.

Il écrit plusieurs romans s’y rapportant, dont « Harricana », « L’Or de la terre », « Miséréré », « Amarok », « L’Angélus du soir », « Maudits Sauvages », « Carcajou » (mes préférés !). J’ai lu une trentaine de ses autres romans, dont « Brutus », « L’Homme du Labrador », « L’Iroquoise », « La Guinguette », « Le Cavalier du Baïkal », « La Retraite aux Flambeaux », « Les Petits Bonheurs », « Le Seigneur du Fleuve », « Les Grands Malheurs ».

L’écriture de Bernard Clavel est limpide et poétique. Elle coule comme une source et est faite de clarté. Elle a le pouvoir du rêve. Dans la série « Le Royaume du Nord », elle nous transporte dans les grands espaces blancs et elle raconte la vie pénible des premiers colons. Grâce à lui, j’ai pu apprendre la signification du mot : Abitibi. C’est un nom donné par les Algonquins et qui désigne : « Là où les eaux se séparent ». En effet, au nord de l’Abitibi, les eaux coulent vers la Baie James tandis qu’au sud, elles coulent vers le Saint-Laurent.

Bernard Clavel vit aujourd’hui ave son épouse à Bourg-en-Bresne, en France. Il continue d’écrire, même à l’âge avancé de 82 ans.

– Billet de Jean-Claude St-Louis

mercredi 1 février 2006

Enseignements de Lanza Del Vasto sur le yoga

Le secret du yoga tient en deux pratiques : le contrôle du souffle et la méditation.

« La respiration est de toutes les fonctions du corps la seule qui soit volontaire ou involontaire à volonté. Il s’agit de la rendre volontaire et de s’en emparer. C’est par là qu’on a prise, de fil en fil, sur les autres fonctions. Et qui dit volonté dit connaissance. Pour qui veut connaître son corps du dedans c’est la corde du puits. Or, notre corps est le résumé de toute la création, le seul objet que nous puissions connaître en même temps du dedans que de dehors. Le connaissant, on connaît tout le reste. Le contrôle du souffle est donc la pierre philosophale et le principe des transformations. » (277-278)

« Tout ce qu’on nous enseigne c’est à tirer l’air par la narine droite et à le lâcher par la gauche en nous bouchant le nez alternativement du pouce et de l’annulaire ; ce qui ne présente aucune difficulté et aucun intérêt ... » (278)

Quant à l’autre pratique, la méditation, elle ne consiste pas à se fixer ni à ne plus penser à rien. C’est une tentative vaine. Ce n’est pas non plus de réfléchir sur un sujet, ni de s’appliquer à l’approfondir. Pour atteindre la méditation, il convient d’abandonner l’habitude de penser.

« (...) la fin de la méditation c’est la connaissance de l’un, de l’un intérieur, du soi. La pensée ne peut donc pas s’introduire là. C’est un mystère que la nature même de la pensée, non son défaut, l’empêche de percer. Il faut que la pensée se renonce pour concevoir l’un. » (279)

« Méditer c’est entrer dans la vérité sans la découvrir, sans la voir du dehors, sans l’ouvrir en paroles. » (279)

« Ainsi donc loin d’écarter toute image, efforcez-vous d’en dresser une et de lui donner toute puissance en vous. Prenez-la telle que vous puissiez vous y fixer tout entier. » (294)

« J’emplis maintenant sans étouffement « la plus petite mesure ». Je l’ai fait constater ce matin à mon ami. Il s’en réjouit et m’en loua : « Vous n’êtes plus un novice, vous êtes un sâdhœk désormais. La mesure est petite, mais c’est déjà celle d’un yoguî. Il m’intime l’ordre de ne pas essayer de me pousser au-delà mais de m’y tenir pendant plusieurs mois. « Si vous vous forcez trop, un accident est à craindre. » » (295)

« Le grand danger du yôg c’est qu’il fait grandir l’homme. Or le grand peut tomber aussi bien que le petit, mais il tombe de plus haut. Quand un arbre grandit et verdoie dans le ciel, c’est qu’alors sa racine grandit noire sous la terre. L’homme de bien est celui qui tient son mal derrière lui et sous ses pieds. Le juste est celui qui maintient chaque chose à sa place. Les choses d’en bas lui servent de ressource et de base. Mais la soumission des choses d’en bas n’empêche pas leur existence. Le refoulement les irrite au contraire et la pression les doue de puissance explosive. (...) L’homme sublime sans profondeur n’est pas un saint, n’est pas un sage, ni même un homme. Il n’a pas de racine et n’a pas de substance. Oh ! oh ! la sage image et le pieux mensonge. L’émasculé ne peut rien espérer du yôg, non plus que l’homme dissolu. Les racines de l’un sont coupées, celles de l’autre ont pourri. » (300)

« Le fait est que je ne pouvais plus dans la méditation garder l’œil fixe et sec, ni le cœur pur de tout souvenir et de mélancolie. » (304)

« Pratiquer le yôg c’est apprendre à vivre et à mourir comme on apprend à jouer d’un instrument. La part de patience, d’habileté technique, de convention et d’artifice et la part d’inspiration y sont les mêmes. L’instrument c’est le corps vivant, le corps intérieur inconnaissable à ceux qui l’observent du dehors comme à ceux qui le tuent pour l’ouvrir et pour en disséquer le résidu visible. Les cordes en sont les conduits du souffle vital et du fluide magnétique. Les doigts qui font sonner les notes sont les touches de l’attention réfléchie. Liberté résulte de maîtrise et lui revient. La mélodie enfin c’est la joie de celui qui joue et de ceux qui ont des oreilles pour l’entendre. Celui qui sait jouer cette musique-là n’a pas seulement la joie, il devient la joie. » (307-308)

– Citations choisies par Chartrand Saint-Louis, puisées dans le livre de Lanza Del Vasto, Le pèlerinage aux sources, Paris : Éditions Denoël, 1943

lundi 30 janvier 2006

La flexibilité

Les grands principes de la faculté d’adaptation au changement :

1) Agir à la bonne cadence

La personne flexible aime le changement et a confiance en son aptitude à l’affronter.

2) Ne suivre aucune mode

Avant d’adopter un régime ou un style, faire l’examen de sa pertinence ; inverser mentalement les grands titres de journaux pour éviter de tomber dans le piège de la pensée collective.

3) Envisager favorablement le changement

Faire l’essai de nouveaux mets ou de nouvelles méthodes ; s’engager à poursuivre un intérêt nouveau et à inventer une nouvelle tradition.

4) Stimuler son esprit d’initiative

Se lancer dans de nouveaux projets en y consacrant le meilleur de soi-même : en accepter le résultat, quel qu’il soit.

5) Avoir des activités diversifiées

Écarter les idées qui ne mènent à rien ; ne pas s’obliger de poursuivre des relations toxiques ; essayer d’apporter du nouveau à ses relations existantes.

6) Décider de ne pas décider

Se permettre de laisser un projet en plan.

7) Nul besoin d’être parfait

Reconnaître ses erreurs et essayer d’en rire.

8) Insister pour avoir du plaisir dans la vie

Ne pas se forcer à exécuter pendant une longue période des tâches qui ne vous plaisent pas ; introduire des éléments amusants dans sa vie et insister pour leur accorder autant de temps qu’aux choses sérieuses.

9) Encourager tous les styles de pensée et de réaction face au changement

S’entourer de personnes de toutes sortes ; écouter attentivement les opinions des jeunes et des vieux, des personnes instruites ou ignorantes. La variété des idées stimule la réflexion et donne une vision plus large des choses ; à la longue, elle permet d’accepter les changements et d’en amorcer.

10) Le changement est une constance

Même en recherchant la stabilité et l’équilibre dans sa vie, on se rend compte que le déséquilibre est une constance ; même en appréciant le présent et en respectant certains éléments de votre passé, en l’absence de tout changement, on risque de perdre son enthousiasme pour l’avenir.

– Principes puisés dans l’ouvrage de Priscilla Donovan et Jacquelyn Wonder, Les secrets de la flexibilité : savoir s’adapter aux changements, Montréal : Les Éditions de l’homme, 1993

jeudi 19 janvier 2006

Normes éditoriales

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