lundi 14 décembre 2009

70 ans !

Soixante-dix ans déjà déjà, mais une vie hors du commun
Une riche existence vécue malgré tout haut la main
Même si, tout jeune, les méchants m’ont dit : « Haut les mains »
Car j’ai trouvé l’âme, sœur et elle et moi on est comme un.

En vrai festoyeur, je remettais tout ce qui est futile à demain
Et j’ai passé mes nuits sans jamais me soucier du lendemain
Certaines ont été blanches, d’autres noires sur mon chemin
Mais avide d’émotions toujours j’ai saisi ce présent à deux mains.

J’ai aimé la beauté, l’amour, les chats, et tout ce qui est humain
J’ai tremblé, j’ai vibré, j’ai chanté pour une rose ou un jasmin
J’ai frissonné pour un sourire et frémis pour des lèvres de carmin
Pour un cœur de refugié, jamais rien pour moi n’a été surhumain.

Bien des êtres ont meublé ma vie, la plupart quittés à mi-chemin
D’autres sont restés dans le salon de mes souvenirs de gamin
De ma courte période vécue à Paris, à Barbes et Saint-Germain
Au Château de Laversine, là-bas, non loin de Saint Maximin.

Soixante-dix ans et ma peau défraîchie ressemble à un pâle cumin
Aujourd’hui, elle est pigmentée et sèche comme un parchemin
La vieillesse chaque jour a pour moi quelque chose d’inhumain
Heureusement qu’il y a les copains et les amis comme appuie-mains.

Alors ensemble, chers proches et intimes, compagnons de chemin,
Levons nos verres, ripaillons gaîment comme le faisaient les Romains
La vie est courte, profitons-en, car bientôt elle sera pour nos benjamins
Laissons-pour après-demain ce que la vie reprend en un tournemain.

– Poème de Michaël Adam

lundi 2 novembre 2009

Thierry Cabot

Né le 30 mars 1958 à Toulouse, titulaire d’un DESS "Responsable de Formation d’Adultes", je suis l’auteur d’une oeuvre poétique intitulée : "La Blessure des Mots".

Dans une veine souvent lyrique, j’explore à travers elle les replis de l’âme humaine, qu’il s’agisse de foi, d’amour, de déréliction, de révolte, de finitude ou de célébration de la vie.

Attaché à la fois aux pouvoirs de l’image et à la densité de l’émotion, soucieux de cultiver tant le rythme que la musicalité de la langue, je privilégie l’utilisation du vers régulier (vingt textes seulement dérogent à cette règle) et, parmi les formes fixes, j’ai une prédilection pour le sonnet.

Ma devise est : "faisons rayonner tous les possibles".

mardi 22 septembre 2009

L’amour fraternel

De toutes les formes d’amour, la plus importante, celle qui sous-entend toutes les autres, c’est l’amour fraternel. C’est cet amour dont nous parle le Christ lorsqu’il nous dit : "Aime ton prochain comme toi-même".

L’amour fraternel ne concerne pas uniquement ses frères et soeurs, il s’étend à tous les êtres vivants. À ce moment-là, il n’est pas seulement qu’une relation avec quelques personnes ; il consiste en une attitude, une orientation par laquelle on se sent relié au monde, comme faisant partie d’un tout.

Lorsqu’une personne n’aime que quelques-uns de ses proches et demeure indifférente vis-à-vis les autres, il ne s’agit pas d’amour fraternel, mais d’attachement. Si j’aime véritablement une personne, j’aime toutes les autres, j’aime le monde, j’aime la vie. Si je peux dire à une personne : "Je t’aime", je dois être capable de lui dire : "À travers toi, j’aime le monde et je m’aime également".

L’amour fraternel est un amour qui se vit entre gens égaux. Pour aimer ses semblables, il faut les considérer comme des égaux. Même si en tant qu’égaux, il y a des différences au niveau des besoins, ces besoins ne signifient pas que l’un soit puissant et l’autre, faible. Les aléas de la vie ne sont souvent qu’une condition transitoire.

L’amour que l’on porte à celui qui est faible, au pauvre ou à l’étranger, marque le début de l’amour fraternel. Aimer seulement ses proches, ses amis, ses compagnons de travail, n’est pas un accomplissement, car cela va de soi. L’amour fraternel ne commence réellement à s’épanouir que lorsqu’il concerne ceux qui ne remplissent aucune fonction à notre égard.

Dès qu’on se prend de compassion pour les faibles, les pauvres, les démunis, on s’ouvre à l’amour fraternel. Tout comme dans l’amour que l’on se porte à soi-même, on aime ceux qui ont besoin d’aide, les êtres fragiles, les déshérités, peu importe leur couleur de peau, leur nationalité, leur religion.

Aimer d’un amour fraternel, c’est être capable de considérer la terre comme son foyer et tous les êtres qui la peuplent, comme ses frères et soeurs. C’est ça l’amour fraternel !

– Billet de Jean-Claude St-Louis

vendredi 10 juillet 2009

Analyse du stress

Lorsqu’on analyse les causes du stress, on réalise que celles-ci ont beaucoup évolué au cours du dernier siècle. Les statistiques démontrent que malgré les nettes améliorations au niveau des conditions de travail, les gens travaillent de plus en plus et doivent faire face à un stress de plus en plus important. La société dans laquelle on vit nous oblige à penser davantage, à travailler plus fort et à réussir dans tout. Au nom du progrès, on s’est créé un nouvel état appelé le stress.

Pourtant le stress cause de grands dommages. Face à un danger imminent, la sécrétion hormonale et le niveau d’adrénaline augmentent considérablement, entraînant une irrigation moins importante du cerveau, tout en mettant les sens en alerte. Sous un stress quotidien, le corps réagit de la même façon mais l’état d’alerte, qui se transforme souvent en lutte intérieure, peut se prolonger indéfiniment. Cela peut causer des troubles physiques importants ou des désordres mentaux.

Les symptômes liés au stress varient beaucoup d’une personne à une autre et ils peuvent être déclenchés pour diverses raisons. Généralement, le stress se manifeste sous une forme de douleur qui indique que quelque chose doit cesser. La plupart du temps, lorsqu’on est stressé, un problème, même banal, peut sembler insurmontable tout comme une petite tâche peut porter au découragement. Certains se sentent continuellement épuisés, tandis que d’autres se créent des maladies imaginaires ou entrent dans des rages folles. Il ne faut jamais considérer le stress comme faisant partie du quotidien, ni comme un moyen de s’attirer la sympathie des autres.

La première étape pour combattre le stress est de reconnaître qu’il est la conséquence de notre mode de vie et de notre propre attitude. Lorsqu’on est trop exigent envers soi-même, tout ce que l’on fait peut être une cause de stress. On entend souvent les gens dire qu’ils travaillent mieux sous pression. Il y a là une part de vérité, mais lorsque la production d’adrénaline atteint un certain niveau, la pression entraîne inévitablement du stress. En tenant compte de nos limites, on peut réussir, mais en allant au-delà, on déclenche une vague de stress qui risque de nous emporter.

Les malaises dues au stress se manifestent sous forme de symptômes physiologiques ou psychologiques. Voici quelques signes révélateurs :

La solitude

On se sent isolé de sa famille, de ses amis et on a le sentiment d’être seul au monde.

L’insécurité

On se sent insécure en présence de gens avec qui on se sentait à l’aise. On peut croire que l’on est constamment jugé ou critiqué par les autres.

L’incapacité de se concentrer

Il devient difficile de se concentrer sur son travail, sur une tâche, etc.

Le désintéressement

On ne s’intéresse plus à ceux qui nous entourent ni à ce qui nous intéressait auparavant.

La fatigue et les troubles du sommeil

Bien que l’on se sente constamment fatigué, on n’arrive pas à trouver le sommeil.

Les pleurs et les sautes d’humeur

Le fait de pleurer souvent est un des symptômes les plus courants. On passe par des phases de grande joie à des phases d’abattement.

L’impatience et l’irritabilité

On peut sortir de ses gonds pour des raisons insignifiantes ou s’en prendre aux autres pour des peccadilles.

La nervosité

On ne peut rester sans rien faire, on se tourne les pouces, se ronge les ongles et on bouge constamment.

L’obsession du travail

On se réfugie dans le travail d’une façon désordonnée.

La compulsion

On ne peut s’abstenir de trop manger, boire, fumer ou de faire des achats d’une façon compulsive.

La perte d’appétit

La nourriture n’a plus d’attrait. On n’arrive plus à avaler quoi que ce soit.

La peur du silence

Le silence nous met dans un tel état que l’on éprouve le besoin de parler sans arrêt en présence de gens ou de laisser la radio ou la télévision en marche.

L’obsession de l’apparence

On focalise trop sur son apparence, sur le besoin d’entamer sans cesse des régimes, etc.

Finalement, on peut reconnaître que la vie puisse être stressante, sans que cela nous affecte trop. Il faut apprendre à respecter nos besoins et nos capacités afin de mieux contrôler le stress. Aucune personne n’est obligée de subir le stress et nous avons tous la capacité de le tenir en échec. Il ne tient qu’à nous de prendre les moyens pour l’éviter.

À lire :

– George, Mike, La Relaxation, Relâcher les tensions, Vaincre le stress, Libérer son esprit, Paris : Éditions Le Courrier du Livre, 2003

mardi 26 mai 2009

Sur le chemin des glaces : journal de marche (Werner Herzog)

Dans ce livre d’une écriture belle et poétique, le cinéaste allemand Werner Herzog relate une expérience assez singulière qu’il vécut au début de sa trentaine. Du 23 novembre au 14 décembre 1974, il entreprit une longue promenade, en solitaire, le menant de Munich à Paris. L’une de ses amies, Lotte Eisner, critique de cinéma, se trouvait à Paris, malade au point d’en mourir. Alors un peu pour conjurer le sort, pour déjouer la mort, il décida d’aller la retrouver à pied, ayant la certitude que, ce faisant, elle survivrait.

Son petit carnet de notes, qu’il donne à lire, est un récit formidable, rempli d’observations et de réflexions. Il parle de ce que la marche offre, à voir et à penser. Il parle de ce que signifie l’épreuve et de la manière de la surmonter. Car il faut le dire, son périple ne fut pas facile. Il dut affronter le froid, le vent, la violente tempête, les nuages bas, la pluie, l’eau qui dégouline, le grésil et la neige brûlante en plein visage, le corps qui souffre (douleurs aux pieds et aux jambes), l’épuisement et, parfois, l’envie de rebrousser chemin, de faire demi-tour, d’interrompre ce projet, en apparence, si insensé.

Il marcha à travers des champs et des forêts, parfois le long d’une nationale. Il emprunta des sentiers de montagne et il dormit dans des granges à foin ou des maisons inhabitées. Il trouva parfois refuge dans les abris d’autobus et fit de brèves haltes de repos à proximité des monuments aux morts et dans quelques auberges. Trouver un gîte pour la nuit devint souvent périlleux.

Le paysage l’invita à la réflexion. Les impressions nées de cette longue et périlleuse marche sont savoureuses. Tant de choses passent dans la tête du marcheur. L’odeur des champs est si puissante. En marchant, on rencontre des masses de choses jetées. Marcher fait souffrir aussi. La soif est parfois si forte que le marcheur n’en vient qu’à penser en terme de soif. En marchant, toutes sortes de bruits se font entendre. L’air s’emplit de sifflements, l’oreille est à l’écoute.

Le marcheur fait l’expérience du silence et de la formidable solitude. Herzog le ressentit vivement en s’enfonçant dans une forêt : « Quelle qualité de silence autour de moi ! » À d’autres instants, la solitude de la forêt, dans sa profondeur ténébreuse, rappelait le silence de mort, le vent seul s’agitant. La solitude est-elle bénéfique ? « Oui, assurément, répond l’auteur, elle nous ouvre à des intuitions dramatiques de l’avenir. »

Dans les instants de parfaite harmonie, d’euphorie avec lui-même, comme en suspens, où l’air est d’une pureté et d’une fraîcheur parfaites, d’agréables sensations envahissent le marcheur.

Tout au long du chemin, les buses l’accompagnèrent. Des souris, il en vit en grand nombre. Elles bruissaient dans l’herbe couchée. Seul celui qui marche voit les souris et se lie d’amitié avec elles. Et il y a tant de chiens. En voiture, ça se dérobe à notre perception, comme les odeurs de foin et les arbres gémissants. Un corbeau se posa sur le toit d’une maison, la tête dans les épaules, ne bougeant pas, sous la pluie. Longtemps, il était encore là, grelottant, solitaire et calme. Un sentiment de fraternité monta en Herzog et la solitude l’envahit. Il vécut ainsi de longs moments où il ne dit pas mot à qui que ce soit, où il ne vit personne. À force de solitude, la voix déraillait, ne pouvant que pépier.

Il vit des villages abandonnés du monde et des gens fatigués, des villes horribles et des lieux entièrement déserts, sans hommes ni refuges.

Dans ce journal de marche, le passage du réel à l’imaginaire se succède, la randonnée fournissant la nourriture nécessaire à l’imagination. Lorsque l’auteur rencontrait des moments de déprime, il dialoguait longuement avec lui-même et les personnages imaginaires de son cinéma.

La marche ! Chacun de nous devrait marcher. Herzog, lui, il se sentit voler à skis.

***

Herzog, Werner. Sur le chemin des glaces : Munich-Paris du 23-11 au 14-12-1974 ; traduit de l’allemand par Anne Dutter. Paris : Payot : Rivages, c1996, 113 p. (ISBN : 2-228-88991-1)

- Compte rendu de Chartrand Saint-Louis

jeudi 14 mai 2009

Érotisme vs Pornographie

Érotisme ou pornographie : Sacré ou profane ? Intérieur ou extérieur ?

Y a-t-il là dichotomie irréductible ou bien sommes-nous dans un continuum différemment perçu selon les époques ?

Voici ce qu’en pensait Henry Miller cité par Philippe Djian sur son Ardoise (Paris: Julliard, 2002). Un écrivain doit-il aborder la pornographie ?

" ... les prudents se réfugient dans l’érotisme - voyez leur sourire satisfait, leur jardin à la française, humez leur parfum suranné -, les autres, ceux qui croient encore à quelque chose, devront se battre à mains nues : pas de production hollywoodienne ni panoplie de métaphores chatoyantes. Pas de faux-fuyants ni de poudre aux yeux : juste le vocabulaire de base, sec et dur à s’en briser les mâchoires. Pas de clin d’œil, de complicité, de connivence avec le lecteur, ce qui est le fond de commerce de l’érotisme, non, pas de cette vulgarité là. Pas de cette pudeur autrement nauséabonde qui ravale la sexualité au rang de l’entertainment.

Regarder la sexualité en face, et se donner ainsi les moyens d’y comprendre quelque chose (quelles forces animent quoi - ou qui si l’on veut faire plus court), passe obligatoirement par la pornographie, à moins que l’on ne choisisse de piétiner sur place. Malheureusement, il n’y a pas de pornographie dans les sex-shops, il n’y a que de la merde, et il faut chercher la pornographie là où elle se trouve : chez les rares cinéastes et les quelques écrivains qui l’ont considérée comme un matériau noble, consubstantiel à la nature humaine et donc fichtrement digne d’intérêt.

... et si la seule réalité, le meilleur moyen de "penser notre époque" était contenu dans une scène de baise ? Si le miroir le plus juste de notre société s’y trouvait concentré ? Si l’on pouvait y décrypter la somme de nos terreurs, de nos angoisses, de nos joies et de nos peines, je veux dire de notre condition, ici et maintenant ? Et d’une manière plus triviale, si notre façon de baiser, les rapports que nous entretenons avec le sexe, comme nous en parlons et comme nous le pratiquons, avec quels mots, quelle brutalité, quels silences, et dans quelles positions, et avant, et après, et dans quel état d’esprit, et dans quelle intention, et avec quelle part de nous-mêmes, et jusqu’où, et pourquoi... et si toutes ces questions amenaient une réponse, si l’on consentait à les considérer objectivement une seule minute, ne se trouverait-on pas en présence du plus magistral instantané que l’on puisse espérer, de la plus sensible esquisse de la réalité ?

Ceci dit, vous faites comme vous voulez."

– Billet de Jean-Louis MILLET

mercredi 4 février 2009

La dépression

La dépression est un phénomène de plus en plus répandu de nos jours. La vie moderne exerce une telle pression que beaucoup de gens craquent sous cette pression. La première chose à faire, c’est d’arrêter de courir afin de comprendre ce qui se passe en nous. On peut avoir des idées préconçues sur la dépression, mais elles n’ont aucune utilité, car elles n’ont habituellement aucun rapport avec l’expérience directe.

Dans la dépression, on se retrouve dans un monde inconnu. On a le sentiment d’être différent des autres. Notre esprit lutte pour garder le contact avec ce qui se passe autour de nous. Des émotions intenses se manifestent : désespoir, manque d’estime de soi, tristesse profonde, etc. On a l’impression d’être seul. On a aussi l’impression que notre esprit fonctionne de travers. On a de la difficulté à former des pensées et même à prendre les plus simples décisions.

Le monde qui nous entoure nous apparaît menaçant. C’est comme si quelqu’un avait progressivement éteint les lumières jusqu’à l’obscurité complète. Tout autour de nous, on ne voit que la saleté et la pourriture ; le désespoir et la mort. On a l’impression de se trouver au fond de la mer, là où nulle lumière ne pénètre, où il est impossible de respirer et où s’exercent d’énormes pressions.

Si la dépression prend des aspects différents pour chacun de nous, elle comporte néanmoins de nombreux éléments constants. Ces éléments confirment qu’un processus physique est à l’œuvre. La dépression est bel et bien une maladie qui affecte le corps et l’esprit.

La dépression est une maladie de l’âme avant d’être une maladie du corps. En abordant la dépression d’une manière spirituelle, nous pouvons, non seulement, guérir notre âme souffrante, mais également notre corps physique. Beaucoup de gens se tournent vers la prière, ce qui peut s’avérer très efficace pour les croyants.

Toutefois, dans la dépression, tous les ancrages rassurants et confortables que nous possédons, ont disparu. Bien souvent, nous nous sentons à la dérive et incapables de croire en quoi que ce soit. Quels que soient nos efforts, il nous semble impossible de nous défaire de cette maladie.

La dépression n’est pas seulement un mal à l’âme ; elle est également une affliction du corps. Il s’ensuit habituellement une perte d’énergie, une lourdeur pénible, une tristesse et un chagrin qui s’infiltrent jusqu’à la moelle des os. Dans toutes ses fonctions, le corps ressent ce dépérissement.

Les gens qui vivent une dépression ont tendance à ralentir leurs activités physiques, ce qui s’avère salutaire pour ceux qu’un travail excessif a conduit à la dépression. Mais il ne faut pas oublier qu’un des besoins fondamentaux du corps, c’est celui de bouger. La marche peut s’avérer efficace pour lutter contre la dépression, puisqu’elle donne l’impression de reprendre possession de son corps, tout en oubliant ses tracas.

Une personne déprimée passe le plus clair de son temps dans l’attente. Elle se jette sur toutes choses susceptibles de mettre un terme à sa souffrance et met tous ses espoirs en elles. Dans cet état, elle reste prisonnière de ses attentes. Les attentes nous empêchent de vivre l’instant présent. Ne rien attendre implique d’avoir un esprit ouvert et de vivre l’instant présent. Lorsqu’on n’attend rien, on se prépare aux merveilles que chaque instant peut nous offrir.

Dans un état de dépression, il est difficile d’éprouver de la reconnaissance, car on ne ressent que souffrance et désespoir. Le ralentissement du rythme de vie nous offre pourtant l’opportunité d’exprimer un sentiment de gratitude envers la vie. Nous oublions trop souvent les merveilles que constitue notre univers, comme le plaisir des sens, le simple fait d’être en vie, etc. On peut s’efforcer d’éprouver ce sentiment de gratitude à tout moment. Il suffit de vivre pleinement ce que nous offre la vie.

La nature nous offre l’endroit par excellence pour nous régénérer car elle nous offre le merveilleux silence. Il est facile de méditer dans le silence. Lorsque le monde extérieur nous a rendus malades, c’est la terre qui peut nous guérir. Dans le silence, il est possible de trouver acceptation, amour et guérison. Les oiseaux se fichent pas mal de notre dépression et ils ne nous jugent pas. Le soleil, lui non plus, ne fait aucune différence entre la dépression et le bonheur. Il réchauffe les cœurs de tous les êtres vivants. L’essence thérapeutique de la nature s’avère un excellent remède contre la dépression. Sortez de votre demeure. Que ce soit dans un jardin, un parc, à la campagne, dans la forêt, efforcez-vous d’observer ce qui vous entoure. Écoutez les sons ; qu’il s’agisse du chant des oiseaux, du ruissellement de l’eau, du vent dans les feuilles, etc. N’étouffez pas ces bruits, ces émotions, ces sensations. Laissez-les s’exprimer comme s’il s’agissait de la plus merveilleuse musique au monde. Si cela est possible, essayez de pratiquer la méditation. Portez votre regard sur quelque chose de beau, comme une fleur, un arbre, un lac, etc. et tentez de vous en imprégner totalement, comme si vous étiez partie de cette chose.

***

« Si durant votre vie entière, la seule prière que vous disiez était "Merci", cela serait suffisant. »
Maître Eckhart

« Pour pouvoir être illuminé par toute chose, il faut enlever les barrières entre soi et les autres. »
Dogen Genjokoan

« Toutes les choses finiront par être libérées. Il n’est nul lieu où l’on puisse les tenir prisonnières. »
Sutra du Grand Trésor

« Si vous pouviez seulement vous contenter d’être ce que vous êtes, vous pourriez aller infiniment loin. »
Jidhhu Krishnamurti

« Si tu ne désires rien, tu seras satisfait dans n’importe quelle circonstance. »
Ryokan

« Renoncer à quelque chose, ce n’est pas l’abandonner, c’est reconnaître que toutes chose disparaît. »
Shunryu Suzuki Roshi

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Sources :

Martin, Philip, La Voie Zen pour vaincre la dépression, Paris : J’ai lu, 2003
Nhat Hanh, Thich, Il n’y a ni mort, ni peur : une sagesse réconfortante pour la vie, Paris : La Table ronde, 2003
Thorp, Garry, Le Zen des petits riens : découvrir les bienfaits du Zen dans la vie de tous les jours, Paris : Marabout, 2007, c2002

lundi 19 janvier 2009

Il était du troupeau

Il y était né. Il y avait été élevé et tout avait été fait pour l’y tenir serré.

Un milieu familial toujours assujetti à de petits nobliaux campagnards ou de grands bourgeois parisiens avait cultivé à l’envie l’art du « Ne parle pas si on ne te demande rien » ou encore « Ne regarde pas les gens en face, c’est effronté, ça ne se fait pas », premiers éléments vers une forme larvée de la servitude.

De l’église alors omniprésente, de cathés en patros en passant par colos et confessionnaux, les curés pilonnaient les jeunes ouailles à eux confiées avec le devoir d’état et d’obéissance absolue à ceux qui sont au-dessus afin de plaire à Dieu. Et carte de pointage pour les présences à la messe s’il vous plaît (ou non d’ailleurs, c’était pareil).... Il en était.

L’école de la République elle-même vous rangeait savamment en cases désignées, orientées, tout ce petit monde qu’elle avait à préparer pour la vie active alors dite professionnelle. Là d’où il était, - d’où i’venais - c’était le cours complémentaire. Il devait lui permettre d’aller un peu au-delà du certif’, jusqu’au brevet élémentaire même, pourquoi pas, si ses moyens et son travail...

Au bout de ce tunnel de quinze ans, un expert de l’orientation scolaire le voua au métier de tourneur. Selon lui, il en avait toutes les qualités. Il manquait d’une, fondamentale, ce qui le mettait selon lui en totale contradiction avec ce projet : il avait une réelle aversion pour le travail du métal, ses mains noires et graisseuses alors que le bois est si doux au toucher, poncé à grain fin n’a-t-il pas le soyeux d’une peau, de celle du haut de l’intérieur d’une cuisse au plus près de l’intimité... Si au moins il avait dit menuisier cet homme, sans doute que...

Fer et bois, matériaux on connaissait "bien", le CC à côté des matières scolaires classiques d’un cursus adapté sixième/troisième, offrait en effet du travail en atelier une fois par semaine. Mais il était expert, n’est-ce pas, cet homme, dans l’art de fournir de la matière vive à l’enseignement professionnel.

Au programme d’alors au CC, la physique et la chimie. La physique, un peu abstraite, mais la chimie, Ah ! la chimie ! Selon lui, une voie toute tracée. Prestige de la blouse blanche ? Il ne savait, mais son choix fut vite fait.

Sans diplôme. Deux lettres de "motivation". Deux réponses positives. Heureux temps du plein emploi du début des "trente glorieuses"....

Ça devint mon métier.

J’entrais donc dans le monde d’une progression marche par marche toujours aidé/coopté par un certain de la marche du dessus. Une méthode d’aspiration ascendante depuis longtemps rodée pour garantir le bon fonctionnement de tout le système.

Dix sept années de cours du soir suivies de deux années d’école plein temps, soit dix-neuf ans plus tard, je décrochais un titre d’ingénieur, un vrai, pas au rabais. Major de promo même que j’étais face à des petits jeunes qui avaient faits les classes préparatoires. Bête de somme, en somme, fruit du système et fière de l’être !

Ainsi capé, je changeais d’orientation. Par aspiration. Nouveau domaine, le commerce dans la science. Il faut quand même des bases, non ?

Là, plus de cours et de diplômes à passer, mais toujours l’ascension verticale avec les ressorts - ou miroirs ? - travail/compétence. Ainsi, je montais, montais comme la petite bête - ou le gros bêta - jusqu’à un perchoir, sans l’avoir voulu tout en l’ayant recherché plus ou moins, consciemment et/ou non.

Le système est bien huilé - vaseliné serait grossier - même si soudain la contradiction vous pète à la gueule, littéralement. J’étais là pour mettre en forme ces messages qui doivent faire passer les « Mais, si... » pour des « Longs termes », ces pilules, petites et grosses, qui font mal, qui tuent l’espoir, qui brisent des vies au profit du... profit. Profit de ceux qui ont imaginé, mis en place, entretenu depuis si longtemps l’aspirateur. Ces rois du management sans ménagement car, par hasard - mais y en a-t-il ? - , le mot manager ne viendrait-il pas de "faire le ménage" tout autour afin que les subalternes puissent travailler dans les meilleurs conditions possibles de... rentabilité pour la pompe à profit!

Bien sûr au cours de cette période il y eut beaucoup d’autres messages sous beaucoup de forme, sympas ceux-ci, même si ce n’étaient que des carottes ou des poignées de queues de cerises... Mais il y avait les autres, putain ! les autres.

Et on est là au cœur de la toile, englueur englué, à se débattre malgré tout, à tenter d’user le plus souvent possible de méthodes marginales, au rencard du système dominant, trop naturelles sans doute car sans assez de pression...

Mais l’araigne règne, et la pression, concurrentielle celle-ci, pour ce poste prisé, vous satellise un jour avant de vous débarquer sur le bas côté. Comme ça, comme scorie. Comme les autres. Le train doit continuer son chemin sur les rails en vigueur n’est-ce pas, sans quoi, où irions-nous ?

Longtemps colère et soulagement se mêlèrent en moi intimement, semant le trouble et le tourment, avant que le soulagement l’emporte. Alors, calme revenu, mon propre ménage devint possible ! De sous la poussière je remis au jour certaines vérités qui m’étaient chères...

puis, du plumeau j’ai retiré une plume...

– Nouvelle de Jean-Louis MILLET