vendredi 18 mars 2016

Testament of Youth (Mémoires de jeunesse)

Un beau film. Un film qui porte sur la peine inconsolable qu’une jeune femme ressent à la perte de son fiancé, de ses amis, puis de son frère. Cette perte est occasionnée par l’action la plus stupide que les hommes puissent commettre : la guerre.

Vera Brittain, auteure de ces mémoires, s’engage comme infirmière, mettant fin à des études prometteuses dont l’accès, pour les femmes de cette époque, s’avérait difficile, un bon mariage constituant encore la meilleure garantie pour leur avenir. Mais, dans les circonstances de la guerre de 1914, poursuivre des études de lettres classiques n’avait plus de sens pour elle. Elle s’engage donc comme infirmière, d’abord en Angleterre, puis, après la mort de son fiancé, en France où elle cherche à se rapprocher de son frère. Elle s’est effectivement rapprochée de ce frère qui est mort peu de temps après son arrivée. Cette scène avec tous ces corps de jeunes hommes étendus sur des civières de fortune vous laissera une forte impression qui vous fera comprendre encore avec plus d’acuité la célèbre réponse que fit Louis-Ferdinand Céline, dans Voyage au bout de la nuit (1932), à Lola qui lui demandait pourquoi il ne voulait pas partir à la guerre, et s’il était lâche : « Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y a dedans… Je ne la déplore pas moi… Je ne me résigne pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu’elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort, Lola, et c’est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir. »

À la fin de cette guerre, Vera Brittain a trouvé le courage de prendre la parole dans une assemblée de revanchards pour clamer que le monde doit trouver un autre moyen que la violence pour solutionner ses conflits. Elle s’engage alors sur la voie du pacifisme. Jamais elle n’oubliera ceux qui ont illuminé sa jeunesse. Et jamais elle ne sera la même personne qu’avant la guerre. Comme l’écrit encore Céline, une année avant la parution de Testament of Youth de Vera Brittain : « De la prison, on en sort vivant, pas de la guerre. Tout le reste, c’est des mots. »

Il est rare que je vois un film tiré d’un livre sans que j’aie lu celui-ci avant. Ce fut le cas pour Testament of Youth (1933), un très beau film britannique qui, à moins que vous n’ayez pas la moindre parcelle de sensibilité, saura vous toucher.

Mémoires de jeunesse (Testament of youth), 2015, un film britannique de James Kent, avec Alicia Vikander, Kit Harrington et Taron Egerton. 2 h 10.

– Critique de Daniel Ducharme