« L’intelligence émotionnelle se traduit en cinq points : 1) se connaître soi-même ; 2) contrôler ses émotions ; 3) se motiver ; 4) reconnaître les émotions des autres ; 5) établir des relations avec les autres. »
« Les gens qui n’ont pas de contrôle sur leur vie émotive sont constamment engagés dans des batailles internes qui sabotent leur aptitude à se concentrer sur leur travail et à avoir une pensée claire. »
« Les anxieux sont sûrs qu’ils ne réussiront pas ; cette certitude paralyse effectivement leurs capacités intellectuelles. »
« Décoder les émotions des autres demande de la sensibilité, car 90% d’un message émotionnel est non verbal. »
« Les super-performateurs se caractérisent par une plus grande capacité à se motiver eux-mêmes qui les fait persévérer et rebondir énergiquement après un échec. Ces étoiles partagent aussi une aptitude marquée à se construire un réseau informel de travail, basé sur la camaraderie. Ils s’entourent de gens qui feraient n’importe quoi pour les aider. »
– Daniel Goleman, L’intelligence émotionnelle, Paris : J’ai lu, 2004, c1997
dimanche 30 décembre 2007
mercredi 3 octobre 2007
Sur la route (Jack Kerouac)
On ne peut aborder "Sur la route" sans le restituer dans le contexte d’alors. Les États-Unis - l’Amérique comme l’on dit - viennent de gagner la Seconde guerre mondiale, de terrasser le fascisme avec l’aide de quelques alliés bien sûr, mais... Toute une jeunesse issue de la crise des années 30 a vécu ceci de loin, sans être directement impliquée. À la sortie du conflit, que trouvent ces jeunes autour d’eux, que leur propose l’« american way of life », quels idéaux pourraient les motiver ?
L’Amérique est le
- pays conformiste pudibond du consumérisme triomphant ;
- pays de l’aide à la reconstruction des vaincus d’hier et des alliés exsangues dans une approche au minimum clientéliste ;
- pays maccarthyste de la chasse aux sorcières ;
- pays ségrégationniste aux lois raciales dignes de l’apartheid afrikaner ;
- pays auto proclamé gendarme du monde face à « l’hydre rouge » qui engloutit l’Europe de l’est et une bonne partie de l’Asie ;
- pays aux certitudes vacillantes derrière son bouclier nucléaire face aux évènements de Chine et de Corée...
Certains, le plus grand nombre, s’y réfugient ou s’y plaisent, voire s’y complaisent. D’autres, à la marge, refusent et choisissent la voie de la liberté de l’homme, la voie de la "fureur de vivre" (1), du « faire la vie » au sens de vivre sa vie pleinement, de vivre une vie d’être humain. Beaucoup d’entre eux décident alors que cette voie ne peut être que sur la route, que leur vie ne peut être qu’une vie de routard allant sans but d’une ville à l’autre, d’un petit boulot à un autre, voyageant à pied, en stop, en clandestin dans des wagons de marchandises...
Sans but, pas vraiment, car ce qu’ils recherchent, c’est la rencontre, c’est l’Autre afin de se trouver eux-mêmes voire pour certains de tutoyer Dieu. Ils vivent ceci au travers d’expériences multiples et variées, n’en écartant aucune a priori, ni le sexe, surtout pas le sexe, ni l’alcool, surtout pas l’alcool, ni les drogues, surtout pas les drogues. Ils optent donc pour la voie de la transgression, la voie des "Clochards Célestes" qui pour certains trouvera ses fondements et son développement dans un bouddhisme hinayana largement syncrétique. Jean-Louis Lebris de Kerouac est de ceux-ci.
Né en 1922 au Québec dans une famille canadienne catholique d’origine bretonne tôt installée à Lowell dans le Massachusetts, il y est devenu Jack Kerouac. Il fait partie au cours des années 40 d’un groupe d’amis, fréquentant pour certains l’université Columbia de New York, pour d’autres les rues et les bars des quartiers vétustes. Il revendique « Les seules personnes qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence de vivre, la démence de discourir, la démence d’être sauvés, qui veulent jouir de tout en un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, qui brûlent... » Il est fou de sexe dont les plaisirs lui font « entrevoir le paradis ». Kerouac est et restera toujours un mystique.
Cette assemblée à géométrie variable compte cependant quelques permanents, dont William Burroughs et Allen Ginsberg. Ceux-ci, comme Kerouac, ont soif de liberté et d’écriture hors de l’académisme ou de la manière de la Lost Generation des années 20, celle des Gertrude Stein, Ernest Hemingway, F. Scott Fitzgerald, Ezra Pound...
Un jazz nouveau, révolutionnaire, le be-bop, est leur musique, Charlie Parker, une idole, Dizzy Gillespie, Kenny Clarke et Thelonious Monk, ses saints. Cette musique est pour eux tous un déclic mais pour Kerouac c’est une véritable révélation (2) : il y a là un son, une virtuosité, une liberté mais surtout l’improvisation avec ses imprévisibilités. Il y a le rythme, le swing, l’évasion, c’est beat selon Herbert Huncke l’un des membres du groupe, mot dont Kerouac va faire sa chose. (3)
C’est le langage nu de l’émotion, le langage du blues, répétitif, litanique, scandé, le langage du quotidien pauvre de la rue, prenant, mais non dénué d’humour et de conviction. C’est l’équilibre entre une assise rythmique, une variation mélodique simple et le récit au jour le jour de l’errance. Voici rassemblés les éléments d’un style d’écriture à créer. (4)
Le passage à l’acte va se produire avec la rencontre de Kerouac et de Neal Cassidy organisée par Allen Ginsberg amant fugace de ce dernier. Neal Cassidy est un instable toujours en mouvement libéré des contraintes sociétales, menant une vie délirante dans laquelle alcool, drogue et sexe - il est bisexuel - font bon ménage. C’est le point de départ d’une amitié d’âme très forte. Son emprise sur Kerouac est immense. Les contraires s’attirent. Jack est le spectateur, Neal l’acteur. Il finit par le décider de quitter sa machine à écrire et sa mère (5) pour prendre la route. Cassidy a une réputation de conducteur hors pair et c’est sans encombre qu’il mène Kerouac de New York à San Francisco et inversement allant de l’une à l’autre de ces deux villes sans faire la moindre pause, si ce n’est pour faire le plein.
Kerouac refera plusieurs fois la traversée aller et retour du continent nord-américain entre 1947 et 1951 (6). Il ajoutera à cela plusieurs incursions au Mexique. De ces voyages trans-américains il va tirer la très longue histoire quasi autobiographique de son second roman publié, "On the Road". Le personnage principal en est Neal Cassidy alias Dean Moriarty, il est lui-même alias Sal Paradise. Il rédige ce texte en trois semaines sur des feuilles de papier japonais collées les unes aux autres en un très long rouleau (7) lors de longues séances de prose spontanée, inspirée du phrasé du jazz, seule technique capable, selon lui, de rendre dans la fiction la « profusion myriadique » de la vie réelle (8). En ce sens, l’écriture de Kerouac est purement cinématographique.
Voici ce qu’il en dit à Neal Cassidy : « Du 2 avril au 22, j’ai écrit 125 000 mots d’un roman complet, une moyenne de 6 000 mots par jour, 12 000 le premier, 15 000 le dernier. (...) L’histoire traite de toi et de moi sur la route... (...) J’ai raconté toute la route à présent. Suis allé vite parce que la route va vite... écrit tout le truc sur un rouleau de papier de 36 mètres de long (du papier-calque...) - Je l’ai fait passer dans la machine à écrire et en fait pas de paragraphes... Je l’ai déroulé sur le plancher et il ressemble à la route... » et ce qu’il en écrit à un autre ami : « ... (c’est) un roman picaresque situé en Amérique,..., qui traite simplement du stop et des chagrins, des difficultés, des aventures, des efforts et du labeur dans tout çà (deux garçons qui vont en Californie, un pour retrouver sa nana, l’autre à la recherche d’un Hollywood doré ou d’une illusion de ce genre, et ayant à travailler dans des fêtes foraines, des cantines, des usines, des fermes, tout au long de la route, arrivant en Californie pour ne rien y trouver... et repartant dans l’autre sens). »
Le manuscrit est proposé à plusieurs éditeurs qui tous tergiversent, surpris sinon scandalisés par la complexité (un très long paragraphe sans virgules) et la teneur du texte. Ils suggèrent à Kerouac de couper certains passages, ceux ayant trait à l’homosexualité et aux relations avec des mineures, en particulier, ce qu’il refuse de faire... jusqu’en 1957 (9). Joyce Johnson, sa compagne de l’époque traduit ainsi l’état d’esprit de Kerouac : « Ses sentiments au sujet de "Sur la route" étaient mitigés. Forcément. Il a senti que le manuscrit d’origine avait été trahi par le polissage et la mise en forme finale. Viking Press redoutait par-dessus tout la diffamation et l’obscénité. Ce n’était pas une période propice pour publier un livre comme "Sur la route". Ils ont vraiment retravaillé le manuscrit et aussi le ton employé par Jack - notamment cette éditrice du nom d’Helen Taylor. Et quand ils ont finalement envoyé à Jack un exemplaire relié, il n’avait pas eu l’occasion de voir la plupart des changements effectués. C’était une négation de ses droits fondamentaux d’écrivain. » Viking Press sort donc le livre dans une version « acceptable ».
Au lendemain de la publication, le critique littéraire du New York Times, Gilbert Millstein, conclut ainsi son article : « ... la déclaration la plus claire, la plus importante et la plus belle faite jusqu’ici par la génération que, voici quelques années, Kerouac a lui-même qualifiée de beat et dont il est le principal avatar. De même que "Le soleil se lève aussi", plus que tout autre roman des années 20, fut considéré comme le roman emblématique de la génération perdue, il semble certain que "Sur la Route" deviendra celui de la Beat Generation. »
La prophétie se réalisa, "Sur la route" fut le livre culte de la génération qui venait d’être baptisée. Ce succès tardif poussa Kerouac sous les projecteurs. À son corps défendant, il fut catalogué comme l’incarnation d’un courant qu’il n’avait aucun goût et peu d’aptitude à soutenir. À partir de ce jour il dut, selon son agent Sterling Lord, « affronter de nouveaux démons : la réaction du public, la célébrité, la notoriété. Mais dans ses quelques rares moments de quiétude, il était encore possible d’entrevoir le vrai Jack Kerouac. » (10)
L’engouement créé par ce livre déboucha un peu plus tard sur le mouvement beatnik dont les tenants se réclamèrent de la Beat Generation. Le nom avait été composé de beat et du suffixe nick, clin d’oeil au Spoutnik, premier satellite artificiel russe apparu au même moment et dont parlaient beaucoup les médias de l’époque. Kerouac s’en tint toujours éloigné, l’être du beat originel disparaissant sous l’exponentiel des oripeaux et des propos du paraître d’une mode mercantile. Ce courant trouva toutefois une continuité dans le mouvement hippie qui déferla sur l’Occident dans les années 60 porté par la génération du baby-boom. Aux États-Unis, cette jeunesse, plus politique que la précédente, s’opposa à la guerre du Vietnam et agit pour les droits civiques et la déségrégation. (11)
Le "faire la vie" devint le "faire l’amour pas la guerre" sur fond de paroles de protest songs aux accents folk (12), de blues blanc (13) et de sonorités rock n’ roll... Ce courant se dispersa dans le psychédélisme et des voies teintées de spiritualismes indo-asiatiques ou nord-amérindiens - dont le new age - avant que les baby-boomers intègrent progressivement la société libérale.
En 2001, la rédaction du American Modern Library inclut "Sur la route" dans sa liste des 100 meilleurs romans en langue anglaise du 20e siècle.
« Kerouac savait qu’il faut s’émouvoir, se serrer, pleurer : qu’on n’a qu’une vie. » (14)
En guise de conclusion :
Le meilleur de Kerouac, celui qui me prend le plus aux tripes, est parmi les romans : Tristessa (1955/1960/1982)* et Big Sur (1961/1962/1966), ou les écrits sur sa quête bouddhique : L’écrit de l’éternité d’or (1956/1960/1979) et Dharma (1953-1956/1997/2000). Ceci est un avis personnel qui n’engage que son auteur (rires) !
* (année d’écriture/année de publication/année de publication en français)
– Billet de Jean-Louis MILLET
Notes:
(1) Qui crèvera bientôt les écrans, portée par un autre mythe James Dean : La fureur de vivre.
(2) En 1958 Jack Kerouac a notamment enregistré un disque en compagnie des saxophonistes Al Cohn et Zoot Sims intitulé Blues and Haikus, où il récite de courts poèmes avec, en fond sonore, des solos improvisés de saxophone.
(3) Le terme Beat désignait au 19ème siècle les vagabonds voyageant clandestinement dans les wagons de marchandises. Mais pour ce qui nous concerne, Beat est un mot fourre-tout qui a donné lieu à de nombreuses interprétations. Pour son "inventeur" Huncke, cela signifie être dans la rue, battu, écrasé, perdant, au bout du rouleau. Puis, rapidement, cela glisse vers la musique avec "sympathetique" comme traduction des pulsations de la batterie, puis vers "cool" comme détachement absolu pour arriver finalement à une acceptation plus spiritualiste : "beatifique".
(4) À cette époque, le même vent de renouveau souffle sur la peinture. Un autre « clochard » fou de jazz et d’alcool va innover, Jackson Pollock, avec le drip painting
(5) Chez qui il se réfugie pour se soustraire au groupe et pouvoir écrire...
(6) Pour les trajets, voir :
http://ny-ca.net/home.aspx/
http://www.geocities.com/Athens/420...
(7) L’original a été vendu plus de 2 M$ en 2001...
(8) Voici ce qu’il en écrit à Allen Ginsberg en 52 « Esquisser [ Ed White a mentionné çà... « Pourquoi ne fais-tu pas simplement des esquisses dans les rues comme un peintre mais avec des mots... ? » ], c’est ce que j’ai fait... tout s’active devant toi... tu n’as qu’à purifier ton esprit et le laisser déverser les mots (que les anges de la vision font voler sans effort quand tu te tiens devant la réalité) et écrire avec 100% d’honnêteté à la fois psychique et sociale, etc., et frapper tout à fond, sans honte, bon gré mal gré, rapidement jusqu’à ne plus être conscient d’écrire parfois, tellement j’étais inspiré. »
(9) Durant cette période, il n’écrira pas moins de 10 ouvrages, romans ou recueils de poèmes qui seront tous publiés après le succès de "Sur la Route" !
(10) En 1967, Kerouac répond en français à Fernand Seguin de Radio Canada : Seguin rencontre Kerouac.
(11) En Europe - Tchécoslovaquie, Italie, Pologne, France... - cela déboucha sur les soubresauts étudiants très politisés de 1968. Le Japon, le Mexique et le Canada connurent aussi des violences.
(12) On pense bien sûr à Bob Dylan - qui lui aussi endossera à son corps défendant le costume de maître à penser d’une génération - et à Joan Baez, héritiers de Woody Guthrie et de Pete Seger.
(13) De Janis Joplin et de Joe Cocker par exemple.
(14) Sylvain Marcelli in L’Interdit, décembre 2001.
(15) Pour les paroles des chansons :
Bob Dylan
http://www.bobdylan.com/songs/roada...
Canned Heat
http://www.drfeelgood.de/c_heat/s_o...
Francis Cabrel
http://www.paroles.net/chansons/128...
Bernard Lavilliers
http://www.paroles.net/chansons/194...
Gérald de Palmas
http://www.paroles.net/chansons/222...
Raphaël
http://www.paroles.net/chansons/322...
Sources:
- Préface de Yves Buin et dossiers afférents in Kerouac, Jack, Sur la route et autres romans. Paris : Gallimard, 2003, 1419 p. (collection Quarto)
- Gifford, Barry et Lawrence Lee, Les vies parallèles de Jack Kerouac ; traduit par Brice Matthieussent. Paris : H. Veyrier, 1979, 320 p.
Mais aussi :
- Jack Kerouac
- Neal Cassady
- Sur la route
- "Kerouac écrit sur une Amérique qui n’existe plus" par Meghan ORourke
- Chronologie de la vie de Jack Kerouac (1922-1969)
- Hommage à Jack Kerouac
- "La Beat Generation et son influence sur la société américaine" par Elizabeth Guigou
- Errance de Kerouac
- Beatnik
- Hippie
L’Amérique est le
- pays conformiste pudibond du consumérisme triomphant ;
- pays de l’aide à la reconstruction des vaincus d’hier et des alliés exsangues dans une approche au minimum clientéliste ;
- pays maccarthyste de la chasse aux sorcières ;
- pays ségrégationniste aux lois raciales dignes de l’apartheid afrikaner ;
- pays auto proclamé gendarme du monde face à « l’hydre rouge » qui engloutit l’Europe de l’est et une bonne partie de l’Asie ;
- pays aux certitudes vacillantes derrière son bouclier nucléaire face aux évènements de Chine et de Corée...
Certains, le plus grand nombre, s’y réfugient ou s’y plaisent, voire s’y complaisent. D’autres, à la marge, refusent et choisissent la voie de la liberté de l’homme, la voie de la "fureur de vivre" (1), du « faire la vie » au sens de vivre sa vie pleinement, de vivre une vie d’être humain. Beaucoup d’entre eux décident alors que cette voie ne peut être que sur la route, que leur vie ne peut être qu’une vie de routard allant sans but d’une ville à l’autre, d’un petit boulot à un autre, voyageant à pied, en stop, en clandestin dans des wagons de marchandises...
Sans but, pas vraiment, car ce qu’ils recherchent, c’est la rencontre, c’est l’Autre afin de se trouver eux-mêmes voire pour certains de tutoyer Dieu. Ils vivent ceci au travers d’expériences multiples et variées, n’en écartant aucune a priori, ni le sexe, surtout pas le sexe, ni l’alcool, surtout pas l’alcool, ni les drogues, surtout pas les drogues. Ils optent donc pour la voie de la transgression, la voie des "Clochards Célestes" qui pour certains trouvera ses fondements et son développement dans un bouddhisme hinayana largement syncrétique. Jean-Louis Lebris de Kerouac est de ceux-ci.
Né en 1922 au Québec dans une famille canadienne catholique d’origine bretonne tôt installée à Lowell dans le Massachusetts, il y est devenu Jack Kerouac. Il fait partie au cours des années 40 d’un groupe d’amis, fréquentant pour certains l’université Columbia de New York, pour d’autres les rues et les bars des quartiers vétustes. Il revendique « Les seules personnes qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence de vivre, la démence de discourir, la démence d’être sauvés, qui veulent jouir de tout en un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, qui brûlent... » Il est fou de sexe dont les plaisirs lui font « entrevoir le paradis ». Kerouac est et restera toujours un mystique.
Cette assemblée à géométrie variable compte cependant quelques permanents, dont William Burroughs et Allen Ginsberg. Ceux-ci, comme Kerouac, ont soif de liberté et d’écriture hors de l’académisme ou de la manière de la Lost Generation des années 20, celle des Gertrude Stein, Ernest Hemingway, F. Scott Fitzgerald, Ezra Pound...
Un jazz nouveau, révolutionnaire, le be-bop, est leur musique, Charlie Parker, une idole, Dizzy Gillespie, Kenny Clarke et Thelonious Monk, ses saints. Cette musique est pour eux tous un déclic mais pour Kerouac c’est une véritable révélation (2) : il y a là un son, une virtuosité, une liberté mais surtout l’improvisation avec ses imprévisibilités. Il y a le rythme, le swing, l’évasion, c’est beat selon Herbert Huncke l’un des membres du groupe, mot dont Kerouac va faire sa chose. (3)
C’est le langage nu de l’émotion, le langage du blues, répétitif, litanique, scandé, le langage du quotidien pauvre de la rue, prenant, mais non dénué d’humour et de conviction. C’est l’équilibre entre une assise rythmique, une variation mélodique simple et le récit au jour le jour de l’errance. Voici rassemblés les éléments d’un style d’écriture à créer. (4)
Le passage à l’acte va se produire avec la rencontre de Kerouac et de Neal Cassidy organisée par Allen Ginsberg amant fugace de ce dernier. Neal Cassidy est un instable toujours en mouvement libéré des contraintes sociétales, menant une vie délirante dans laquelle alcool, drogue et sexe - il est bisexuel - font bon ménage. C’est le point de départ d’une amitié d’âme très forte. Son emprise sur Kerouac est immense. Les contraires s’attirent. Jack est le spectateur, Neal l’acteur. Il finit par le décider de quitter sa machine à écrire et sa mère (5) pour prendre la route. Cassidy a une réputation de conducteur hors pair et c’est sans encombre qu’il mène Kerouac de New York à San Francisco et inversement allant de l’une à l’autre de ces deux villes sans faire la moindre pause, si ce n’est pour faire le plein.
Kerouac refera plusieurs fois la traversée aller et retour du continent nord-américain entre 1947 et 1951 (6). Il ajoutera à cela plusieurs incursions au Mexique. De ces voyages trans-américains il va tirer la très longue histoire quasi autobiographique de son second roman publié, "On the Road". Le personnage principal en est Neal Cassidy alias Dean Moriarty, il est lui-même alias Sal Paradise. Il rédige ce texte en trois semaines sur des feuilles de papier japonais collées les unes aux autres en un très long rouleau (7) lors de longues séances de prose spontanée, inspirée du phrasé du jazz, seule technique capable, selon lui, de rendre dans la fiction la « profusion myriadique » de la vie réelle (8). En ce sens, l’écriture de Kerouac est purement cinématographique.
Voici ce qu’il en dit à Neal Cassidy : « Du 2 avril au 22, j’ai écrit 125 000 mots d’un roman complet, une moyenne de 6 000 mots par jour, 12 000 le premier, 15 000 le dernier. (...) L’histoire traite de toi et de moi sur la route... (...) J’ai raconté toute la route à présent. Suis allé vite parce que la route va vite... écrit tout le truc sur un rouleau de papier de 36 mètres de long (du papier-calque...) - Je l’ai fait passer dans la machine à écrire et en fait pas de paragraphes... Je l’ai déroulé sur le plancher et il ressemble à la route... » et ce qu’il en écrit à un autre ami : « ... (c’est) un roman picaresque situé en Amérique,..., qui traite simplement du stop et des chagrins, des difficultés, des aventures, des efforts et du labeur dans tout çà (deux garçons qui vont en Californie, un pour retrouver sa nana, l’autre à la recherche d’un Hollywood doré ou d’une illusion de ce genre, et ayant à travailler dans des fêtes foraines, des cantines, des usines, des fermes, tout au long de la route, arrivant en Californie pour ne rien y trouver... et repartant dans l’autre sens). »
Le manuscrit est proposé à plusieurs éditeurs qui tous tergiversent, surpris sinon scandalisés par la complexité (un très long paragraphe sans virgules) et la teneur du texte. Ils suggèrent à Kerouac de couper certains passages, ceux ayant trait à l’homosexualité et aux relations avec des mineures, en particulier, ce qu’il refuse de faire... jusqu’en 1957 (9). Joyce Johnson, sa compagne de l’époque traduit ainsi l’état d’esprit de Kerouac : « Ses sentiments au sujet de "Sur la route" étaient mitigés. Forcément. Il a senti que le manuscrit d’origine avait été trahi par le polissage et la mise en forme finale. Viking Press redoutait par-dessus tout la diffamation et l’obscénité. Ce n’était pas une période propice pour publier un livre comme "Sur la route". Ils ont vraiment retravaillé le manuscrit et aussi le ton employé par Jack - notamment cette éditrice du nom d’Helen Taylor. Et quand ils ont finalement envoyé à Jack un exemplaire relié, il n’avait pas eu l’occasion de voir la plupart des changements effectués. C’était une négation de ses droits fondamentaux d’écrivain. » Viking Press sort donc le livre dans une version « acceptable ».
Au lendemain de la publication, le critique littéraire du New York Times, Gilbert Millstein, conclut ainsi son article : « ... la déclaration la plus claire, la plus importante et la plus belle faite jusqu’ici par la génération que, voici quelques années, Kerouac a lui-même qualifiée de beat et dont il est le principal avatar. De même que "Le soleil se lève aussi", plus que tout autre roman des années 20, fut considéré comme le roman emblématique de la génération perdue, il semble certain que "Sur la Route" deviendra celui de la Beat Generation. »
La prophétie se réalisa, "Sur la route" fut le livre culte de la génération qui venait d’être baptisée. Ce succès tardif poussa Kerouac sous les projecteurs. À son corps défendant, il fut catalogué comme l’incarnation d’un courant qu’il n’avait aucun goût et peu d’aptitude à soutenir. À partir de ce jour il dut, selon son agent Sterling Lord, « affronter de nouveaux démons : la réaction du public, la célébrité, la notoriété. Mais dans ses quelques rares moments de quiétude, il était encore possible d’entrevoir le vrai Jack Kerouac. » (10)
L’engouement créé par ce livre déboucha un peu plus tard sur le mouvement beatnik dont les tenants se réclamèrent de la Beat Generation. Le nom avait été composé de beat et du suffixe nick, clin d’oeil au Spoutnik, premier satellite artificiel russe apparu au même moment et dont parlaient beaucoup les médias de l’époque. Kerouac s’en tint toujours éloigné, l’être du beat originel disparaissant sous l’exponentiel des oripeaux et des propos du paraître d’une mode mercantile. Ce courant trouva toutefois une continuité dans le mouvement hippie qui déferla sur l’Occident dans les années 60 porté par la génération du baby-boom. Aux États-Unis, cette jeunesse, plus politique que la précédente, s’opposa à la guerre du Vietnam et agit pour les droits civiques et la déségrégation. (11)
Le "faire la vie" devint le "faire l’amour pas la guerre" sur fond de paroles de protest songs aux accents folk (12), de blues blanc (13) et de sonorités rock n’ roll... Ce courant se dispersa dans le psychédélisme et des voies teintées de spiritualismes indo-asiatiques ou nord-amérindiens - dont le new age - avant que les baby-boomers intègrent progressivement la société libérale.
En 2001, la rédaction du American Modern Library inclut "Sur la route" dans sa liste des 100 meilleurs romans en langue anglaise du 20e siècle.
« Kerouac savait qu’il faut s’émouvoir, se serrer, pleurer : qu’on n’a qu’une vie. » (14)
En guise de conclusion :
Le meilleur de Kerouac, celui qui me prend le plus aux tripes, est parmi les romans : Tristessa (1955/1960/1982)* et Big Sur (1961/1962/1966), ou les écrits sur sa quête bouddhique : L’écrit de l’éternité d’or (1956/1960/1979) et Dharma (1953-1956/1997/2000). Ceci est un avis personnel qui n’engage que son auteur (rires) !
* (année d’écriture/année de publication/année de publication en français)
– Billet de Jean-Louis MILLET
Notes:
(1) Qui crèvera bientôt les écrans, portée par un autre mythe James Dean : La fureur de vivre.
(2) En 1958 Jack Kerouac a notamment enregistré un disque en compagnie des saxophonistes Al Cohn et Zoot Sims intitulé Blues and Haikus, où il récite de courts poèmes avec, en fond sonore, des solos improvisés de saxophone.
(3) Le terme Beat désignait au 19ème siècle les vagabonds voyageant clandestinement dans les wagons de marchandises. Mais pour ce qui nous concerne, Beat est un mot fourre-tout qui a donné lieu à de nombreuses interprétations. Pour son "inventeur" Huncke, cela signifie être dans la rue, battu, écrasé, perdant, au bout du rouleau. Puis, rapidement, cela glisse vers la musique avec "sympathetique" comme traduction des pulsations de la batterie, puis vers "cool" comme détachement absolu pour arriver finalement à une acceptation plus spiritualiste : "beatifique".
(4) À cette époque, le même vent de renouveau souffle sur la peinture. Un autre « clochard » fou de jazz et d’alcool va innover, Jackson Pollock, avec le drip painting
(5) Chez qui il se réfugie pour se soustraire au groupe et pouvoir écrire...
(6) Pour les trajets, voir :
http://ny-ca.net/home.aspx/
http://www.geocities.com/Athens/420...
(7) L’original a été vendu plus de 2 M$ en 2001...
(8) Voici ce qu’il en écrit à Allen Ginsberg en 52 « Esquisser [ Ed White a mentionné çà... « Pourquoi ne fais-tu pas simplement des esquisses dans les rues comme un peintre mais avec des mots... ? » ], c’est ce que j’ai fait... tout s’active devant toi... tu n’as qu’à purifier ton esprit et le laisser déverser les mots (que les anges de la vision font voler sans effort quand tu te tiens devant la réalité) et écrire avec 100% d’honnêteté à la fois psychique et sociale, etc., et frapper tout à fond, sans honte, bon gré mal gré, rapidement jusqu’à ne plus être conscient d’écrire parfois, tellement j’étais inspiré. »
(9) Durant cette période, il n’écrira pas moins de 10 ouvrages, romans ou recueils de poèmes qui seront tous publiés après le succès de "Sur la Route" !
(10) En 1967, Kerouac répond en français à Fernand Seguin de Radio Canada : Seguin rencontre Kerouac.
(11) En Europe - Tchécoslovaquie, Italie, Pologne, France... - cela déboucha sur les soubresauts étudiants très politisés de 1968. Le Japon, le Mexique et le Canada connurent aussi des violences.
(12) On pense bien sûr à Bob Dylan - qui lui aussi endossera à son corps défendant le costume de maître à penser d’une génération - et à Joan Baez, héritiers de Woody Guthrie et de Pete Seger.
(13) De Janis Joplin et de Joe Cocker par exemple.
(14) Sylvain Marcelli in L’Interdit, décembre 2001.
(15) Pour les paroles des chansons :
Bob Dylan
http://www.bobdylan.com/songs/roada...
Canned Heat
http://www.drfeelgood.de/c_heat/s_o...
Francis Cabrel
http://www.paroles.net/chansons/128...
Bernard Lavilliers
http://www.paroles.net/chansons/194...
Gérald de Palmas
http://www.paroles.net/chansons/222...
Raphaël
http://www.paroles.net/chansons/322...
Sources:
- Préface de Yves Buin et dossiers afférents in Kerouac, Jack, Sur la route et autres romans. Paris : Gallimard, 2003, 1419 p. (collection Quarto)
- Gifford, Barry et Lawrence Lee, Les vies parallèles de Jack Kerouac ; traduit par Brice Matthieussent. Paris : H. Veyrier, 1979, 320 p.
Mais aussi :
- Jack Kerouac
- Neal Cassady
- Sur la route
- "Kerouac écrit sur une Amérique qui n’existe plus" par Meghan ORourke
- Chronologie de la vie de Jack Kerouac (1922-1969)
- Hommage à Jack Kerouac
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lundi 1 octobre 2007
Jean-Louis Millet
Né en 1946 à Paris dans le quartier chargé d’histoire populaire de la Bastille où j’ai ensuite vécu 20 ans. Au sortir de la guerre, ce coin alors pauvre de la capitale, au passé révolté, était un melting pot des races, des ethnies et des religions et vivait un peu comme un village rendu cohérent et solidaire par sa précarité même. Là, j’ai été « perfusé » à l’humanisme de la tolérance cosmopolite. Ceci était tout à fait en phase avec la pensée camusienne à laquelle je souscrivais : lutter contre toutes les idéologies et les abstractions qui détournent de l’humain. Plus tard, j’ai spiritualisé l’ensemble avec des éléments de la pensée mahayana d’un zen soto occidentalisé.
Autodidacte curieux, j’ai été chimiste puis marketeur et enfin directeur de la communication. Durant ce parcours, je suis allé aux USA, en Israël, au Japon, à Taïwan...
Dans les relations sociales, j’ai développé une activité associative multiple en science et en sports.
Côté détente, j’enchaîne depuis toujours les bouffées de passion : Préhistoire, Basket (joueur), Folk song (guitariste), Chine, Minéraux et Fossiles (chercheur/collectionneur), Photographie, Protohistoire/ les Celtes, Japon, Bonsaï (collectionneur), Bouddhisme(s), Art asiatique, Religions, Ecriture (nouvelles), Poésie (haïkaï et vers libres), Art contemporain (peinture, sculpture, vidéo), avec au milieu de tout çà, des voyages : Italie, Allemagne, Belgique, Pays Bas, Espagne, UK, Antilles, Thaïlande, Afrique du Sud... et toujours en filigrane, la lecture, toutes les lectures.
Tout n’est-il pas dans les livres...
Ces passions sont rassemblées sur trois blogs :
Au hasard de connivences : art et poésie à quatre mains
Le musée improbable : un artiste, une oeuvre vs un artiste une oeuvre
Voix dissonante : car parfois le silence rend complice
Autodidacte curieux, j’ai été chimiste puis marketeur et enfin directeur de la communication. Durant ce parcours, je suis allé aux USA, en Israël, au Japon, à Taïwan...
Dans les relations sociales, j’ai développé une activité associative multiple en science et en sports.
Côté détente, j’enchaîne depuis toujours les bouffées de passion : Préhistoire, Basket (joueur), Folk song (guitariste), Chine, Minéraux et Fossiles (chercheur/collectionneur), Photographie, Protohistoire/ les Celtes, Japon, Bonsaï (collectionneur), Bouddhisme(s), Art asiatique, Religions, Ecriture (nouvelles), Poésie (haïkaï et vers libres), Art contemporain (peinture, sculpture, vidéo), avec au milieu de tout çà, des voyages : Italie, Allemagne, Belgique, Pays Bas, Espagne, UK, Antilles, Thaïlande, Afrique du Sud... et toujours en filigrane, la lecture, toutes les lectures.
Tout n’est-il pas dans les livres...
Ces passions sont rassemblées sur trois blogs :
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Le musée improbable : un artiste, une oeuvre vs un artiste une oeuvre
Voix dissonante : car parfois le silence rend complice
mercredi 1 août 2007
La séduction
« Celui dont les lèvres se taisent bavarde avec le bout des doigts. »
Sigmund Freud
La séduction repose sur des codes inconscients. On est séduisant malgré soi. Pas de technique, pas de manipulation, que de la spontanéité et de l’attention aux autres.
Un être séduisant n’est pas un séducteur. Il avance sans arrière-pensée. Il désire tisser des liens francs et étroits.
Le processus de séduction peut se résumer en quelques points :
État d’esprit positif ;
Être le plus vrai possible. Restez soi-même ;
Être vivant ! Gestuelle riche ;
Être à l’écoute, attentif à l’autre. Pas d’autre volonté que celle de nourrir l’échange ;
Restez simple : effet d’humanité. C’est notre humanité qui nous rend séduisants ;
Se laisser aller ;
Séduire quelqu’un, c’est le « toucher ». Le toucher renforce la proximité, à une condition : sa brièveté (de manière à passer inaperçu). Trop appuyé, un toucher peut engendrer l’effet inverse ;
La sérénité, la voix posée, les gestes lents. Un trop grand empressement déclenche des réactions de fermeture ;
Être soi-même charmé. Sans interaction, il n’y a pas d’échange possible.
Par l’étude de la synergologie, cette méthode de communication qui met l’accent sur l’observation du corps, il est possible de décrypter les codes inconscients de la séduction.
Certains signes non verbaux sont des indicateurs d’ouverture :
Haut du corps en mouvement, se rapprochant de l’autre ;
Inclinaison de la tête (exprimant la capacité à se laisser aller) ;
Visibilité de la partie gauche du visage (mue par l’hémisphère droit du cerveau, l’hémisphère des émotions) créant un climat de douceur ;
Intensité du regard, sa luminosité : vecteurs de rapprochement ;
Symétrie du visage : on ne triche pas avec l’affection, lorsqu’on le ressent, aucun contrôle ne s’exerce sur le muscle frontal, le visage paraît harmonieux ;
Paumes ouvertes traduisant l’ouverture à l’autre ;
Corps détendu, décoincé ; d’ailleurs, quand les émotions nous étreignent, nous ressentons des démangeaisons brèves. Ces micro-démangeaisons témoignent que notre besoin émotionnel de s’ouvrir n’est pas accepté ;
Épaules, bras, poignets et mains s’orientant vers l’autre. En ouvrant ses poignets, le haut du corps s’ouvre et s’avance vers l’autre ;
Position des jambes en direction de l’interlocuteur.
Comment savoir si une personne mime ou non la sincérité ? La synergologie enseigne que, lorsqu’une personne n’est pas sincère, elle a tendance à incliner systématiquement la tête du côté opposé à celui de son interlocuteur. Et puis, cette personne n’écoute pas. Même si elle vous regarde dans les yeux, vous percevez qu’elle est absente. Signe non verbal : une personne qui n’écoute pas cesse de cligner des paupières. Ça ne trompe pas.
Le potentiel de séduction dépend donc de la qualité de notre attention et de notre capacité d’empathie. Être séduisant implique de s’intéresser à l’autre. Pour être attentif aux messages non verbaux d’ouverture que nous transmet l’autre, il importe de développer sa capacité d’observation. Il suffit de prendre le temps d’observer ce qui se passe en soi et autour de soi, d’être attentif et présent.
Source :
Turchet, Philippe, Les codes inconscients de la séduction : Comprendre son interlocuteur grâce à la synergologie, Montréal : Les Éditions de l’Homme, 2004
Sigmund Freud
La séduction repose sur des codes inconscients. On est séduisant malgré soi. Pas de technique, pas de manipulation, que de la spontanéité et de l’attention aux autres.
Un être séduisant n’est pas un séducteur. Il avance sans arrière-pensée. Il désire tisser des liens francs et étroits.
Le processus de séduction peut se résumer en quelques points :
État d’esprit positif ;
Être le plus vrai possible. Restez soi-même ;
Être vivant ! Gestuelle riche ;
Être à l’écoute, attentif à l’autre. Pas d’autre volonté que celle de nourrir l’échange ;
Restez simple : effet d’humanité. C’est notre humanité qui nous rend séduisants ;
Se laisser aller ;
Séduire quelqu’un, c’est le « toucher ». Le toucher renforce la proximité, à une condition : sa brièveté (de manière à passer inaperçu). Trop appuyé, un toucher peut engendrer l’effet inverse ;
La sérénité, la voix posée, les gestes lents. Un trop grand empressement déclenche des réactions de fermeture ;
Être soi-même charmé. Sans interaction, il n’y a pas d’échange possible.
Par l’étude de la synergologie, cette méthode de communication qui met l’accent sur l’observation du corps, il est possible de décrypter les codes inconscients de la séduction.
Certains signes non verbaux sont des indicateurs d’ouverture :
Haut du corps en mouvement, se rapprochant de l’autre ;
Inclinaison de la tête (exprimant la capacité à se laisser aller) ;
Visibilité de la partie gauche du visage (mue par l’hémisphère droit du cerveau, l’hémisphère des émotions) créant un climat de douceur ;
Intensité du regard, sa luminosité : vecteurs de rapprochement ;
Symétrie du visage : on ne triche pas avec l’affection, lorsqu’on le ressent, aucun contrôle ne s’exerce sur le muscle frontal, le visage paraît harmonieux ;
Paumes ouvertes traduisant l’ouverture à l’autre ;
Corps détendu, décoincé ; d’ailleurs, quand les émotions nous étreignent, nous ressentons des démangeaisons brèves. Ces micro-démangeaisons témoignent que notre besoin émotionnel de s’ouvrir n’est pas accepté ;
Épaules, bras, poignets et mains s’orientant vers l’autre. En ouvrant ses poignets, le haut du corps s’ouvre et s’avance vers l’autre ;
Position des jambes en direction de l’interlocuteur.
Comment savoir si une personne mime ou non la sincérité ? La synergologie enseigne que, lorsqu’une personne n’est pas sincère, elle a tendance à incliner systématiquement la tête du côté opposé à celui de son interlocuteur. Et puis, cette personne n’écoute pas. Même si elle vous regarde dans les yeux, vous percevez qu’elle est absente. Signe non verbal : une personne qui n’écoute pas cesse de cligner des paupières. Ça ne trompe pas.
Le potentiel de séduction dépend donc de la qualité de notre attention et de notre capacité d’empathie. Être séduisant implique de s’intéresser à l’autre. Pour être attentif aux messages non verbaux d’ouverture que nous transmet l’autre, il importe de développer sa capacité d’observation. Il suffit de prendre le temps d’observer ce qui se passe en soi et autour de soi, d’être attentif et présent.
Source :
Turchet, Philippe, Les codes inconscients de la séduction : Comprendre son interlocuteur grâce à la synergologie, Montréal : Les Éditions de l’Homme, 2004
mardi 3 juillet 2007
Bienheureuse insécurité (Alan Watts)
« J’ai toujours été fasciné par la loi de l’effort inversé. Je l’appelle parfois la loi des « effets contraires ». Si l’on essaie de flotter à la surface de l’eau, on coule, mais si l’on essaie de couler, on flotte. Si l’on essaie de retenir son souffle, on le perd - et ceci me rappelle un vieux dicton oublié : « Quiconque voudra sauver son âme, la perdra. » »
« Ce livre, cependant, est écrit dans l’esprit du sage chinois Lao-tseu, ce maître de la loi de l’effort inversé, qui affirmait que tous ceux qui se justifient ne convainquent pas, que pour connaître la vérité il faut se libérer de la connaissance, et que rien n’est plus puissant et créateur que le vide, devant lequel les hommes reculent généralement avec horreur. »
« Notre époque est donc une époque de frustration, d’angoisse, d’agitation, et d’accoutumance à la « drogue ». Nous devons tant bien que mal saisir ce que nous pouvons pendant que nous le pouvons, et chasser l’impression que tout cela est vain et sans signification. Cette « drogue » est notre haut niveau de vie, c’est-à-dire une stimulation forte et complexe de nos sens, qui finit peu à peu par les désensibiliser ; aussi ceux-ci réclament-ils des stimulations de plus en plus violentes. Nous sommes assoiffés de distractions, de visions, de sonorités, d’émotions, de titillations dont nous voulons jouir au maximum et le plus vite possible. »
« Si paradoxal que cela puisse paraître, nous ne découvrirons de même un sens à notre vie que lorsque nous réaliserons qu’elle est tout à fait dépourvue de but, et nous ne connaîtrons les « mystères de l’univers » que lorsque nous serons intimement convaincus que nous n’en connaissons encore rien. »
« La sensibilité exige une très grande douceur et beaucoup de fragilité - pupilles, tympans, papilles gustatives et terminaisons nerveuses, aboutissant tous à ce très délicat organisme qu’est le cerveau. »
« Si nous pouvons éprouver des plaisirs intenses, c’est que nous sommes sujets à d’intenses douleurs. Nous aimons le plaisir et nous détestons la douleur, mais il semble impossible d’avoir l’un sans l’autre. Et il apparaît de plus que tous deux doivent en quelque façon alterner, car le plaisir continu est un stimulus qui ne peut que s’émousser ou s’accroître. Or, tout plaisir accru, soit durcit et insensibilise les terminaisons nerveuses sous sa poussée, soit se transforme en douleur. Un régime alimentaire à base de nourriture riche coupe l’appétit ou rend malade. »
« Une personne dure et amère est toujours quelqu’un d’à demi suicidé ; une partie d’elle-même est déjà morte. »
« Le pouvoir des souvenirs et des espérances est tellement grand que pour la plupart des êtres humains le passé et le futur ne sont pas tant aussi réels, que plus réels encore que le présent. On ne peut vivre le bonheur dans le présent tant que l’on n’a pas « nettoyé » son passé et que le futur ne brille pas de promesses. »
« Après tout, le futur ne revêt presque aucune signification et n’est pratiquement d’aucune importance, puisque, tôt ou tard, il doit se transformer en présent. Aussi faire des projets pour un avenir qui ne doit jamais devenir présent est à peine plus absurde que de faire des projets pour un futur, lequel, devenant présent, me trouvera « absent », et en train de regarder obstinément par-dessus ses épaules au lieu de le regarder bien en face. »
« (...) l’essentiel de la sagesse dont nous faisons preuve dans notre vie quotidienne ne nous est jamais transmise verbalement. »
« De plus en plus nous essayons de mieux nous adapter à la vie grâce à des gadgets externes, et nous tentons de résoudre nos problèmes par la pensée consciente plutôt qu’en nous remettant au « savoir-faire » inconscient. Cela est beaucoup moins à notre avantage que nous aimerions le croire. »
« Nous stimulons nos sens jusqu’à ce qu’ils deviennent insensibles, aussi, pour que le plaisir puisse durer, devons-nous recourir à des stimulants de plus en plus forts. »
« Les animaux passent le plus clair de leur temps à sommeiller et à paresser agréablement, mais, sous prétexte que la vie est courte, les êtres humains se sentent contraints d’amasser pêle-mêle le plus de conscience, de vivacité, et d’insomnie chronique possible afin d’être bien sûrs de ne pas rater la moindre sensation de plaisir. (...) Aussi deviennent-ils de plus en plus incapables de jouir d’un plaisir réel, et finissent-ils par devenir insensibles aux joies les plus subtiles et les plus vives de la vie qui sont en fait extrêmement simples et communes. »
« (...) c’est le cerveau qui est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le cerveau. »
« La vraie raison pour laquelle la vie peut paraître parfois tellement exaspérante et frustrante, ce n’est pas parce qu’il existe ce que l’on appelle la mort, la douleur, la peur ou la faim. Mais là où rien ne va plus, c’est que face à ces événements, nous nous mettons à bourdonner et tourner en rond comme des mouches affolées, pour essayer de maintenir notre « ego » hors de l’expérience. Nous nous prenons pour des amibes, et nous essayons de nous protéger de la vie en nous séparant en deux. Mais le bon sens et l’intégrité voudraient que nous comprenions que nous ne sommes pas séparés, que l’homme et son expérience présente ne forment qu’un seul tout, et qu’il n’existe pas d’« ego » ou d’esprit séparé. »
« Plus nous nous habituons à comprendre le présent d’après le passé, le connu d’après l’inconnu, le vivant d’après ce qui est mort, plus notre vie se dessèche et plus nous sommes envahis d’un sentiment de tristesse et de frustration. Ainsi protégé de la vie, l’homme devient une sorte de mollusque incrusté dans la coquille dure de la « tradition », et quand la réalité finit par surgir, un raz de marée de terreur l’emporte. »
« Mais nous sommes, pour la plupart, intérieurement déchirés par ce conflit parce que notre vie n’est qu’un long effort pour résister à l’inconnu, au présent réel dans lequel nous vivons, qui est l’inconnu sur le point de naître. C’est pourquoi nous n’apprenons jamais à vivre en harmonie. À chaque instant nous hésitons, nous restons sur la défensive. Et tout cela sans que nous en retirions aucun avantage, car la vie nous plonge malgré nous dans l’inconnu et vouloir résister est aussi vain et exaspérant qu’essayer de nager à contre-courant dans un torrent déchiré. »
« Il faut au contraire être complètement sensible à chaque instant, considérer chacun de ceux-ci comme tout à fait nouveau et unique, garder l’esprit ouvert et réceptif. »
« La philosophie chinoise dont le judo lui-même est une expression - c’est-à-dire le taoïsme - nous a révélé comment l’eau réussit à surmonter tous les obstacles grâce à sa fluidité et à sa flexibilité. »
« (...) la paresse. De façon tout à fait significative, les gens nerveux et frustrés sont toujours affairés, même quand ils sont oisifs, car cette oisiveté est une « paresse » qui vient de la peur et non du repos. Mais l’esprit-corps est un système qui accumule et conserve de l’énergie. Ce faisant il est tout à fait paresseux. Quand l’énergie est accumulée, elle ne demande alors qu’à être dépensée, le plus facilement et avec le moins d’effort possible. C’est pourquoi ce n’est pas seulement la nécessité mais aussi la paresse qui est mère de l’invention. Il suffit d’observer les mouvements lents et « lourds » d’un travailleur habile occupé à quelque rude tâche, et comment, alors même qu’il lutte contre la pesanteur, un bon montagnard utilise en fait cette même pesanteur et marche à grandes enjambées lentes et pesantes. On dirait qu’il tire des bords contre la pente, comme un voilier contre le vent. »
« Demeurer stable c’est s’interdire d’essayer de se séparer de la douleur parce que l’on sait que c’est impossible. Fuir la peur c’est avoir peur, résister à la douleur c’est souffrir, se montrer courageux c’est être craintif. Si l’esprit souffre, l’esprit est douleur. »
« Vouloir échapper à la douleur est la douleur même ; ce n’est pas la réaction d’un « ego » séparé de la douleur. Quand on comprend cela, le désir d’échapper « se fond » dans la douleur elle-même et disparaît. »
« (...) il faut toujours rester conscient, alerte et sensible à toutes les actions et inter-relations possibles, à partir de cet instant présent. Mais il faut tout d’abord être pleinement convaincu qu’il n’existe pas réellement d’autre solution à part celle de rester conscient - parce que l’on ne peut se séparer du présent et définir son propre être à part. »
« Car, lorsque l’on comprend réellement que l’on est ce que l’on voit et ce que l’on connaît, on ne se promène pas dans la campagne en se disant : « Je suis tout ceci. » Il n’y a simplement que « tout ceci ». »
« Pour « connaître » la réalité il ne faut pas lui être extérieur et la définir ; il faut y entrer, l’être et la ressentir. »
« Plus une mouche se débat pour se dégager du miel, plus elle s’y englue. Sous la pression de tant d’efforts futiles, il n’est pas étonnant que l’homme se défoule dans la violence et le sensationnel, l’exploitation aveugle de son corps, de ses appétits, du monde matériel et de ses amis. Et c’est un nombre incalculable de douleurs qu’une telle exploitation ajoute encore aux souffrances nécessaires et inévitables de l’existence. »
« Il est clair que tout existe pour cet instant. C’est une danse, et quand on danse ce n’est pas pour arriver quelque part. On tourne en rond, mais sans être victime de l’illusion que l’on est à la recherche de quelque chose, ou que l’on échappe aux tourments de l’enfer. »
« La mort est l’inconnu où chacun d’entre nous a vécu avant de naître. »
« (...) il est connu que rien ne gâche plus un « plaisir » que de s’interroger pour savoir s’il nous est vraiment agréable. Nous ne pouvons vivre qu’un seul moment à la fois, et nous ne pouvons pas à la fois écouter la rumeur des vagues et réfléchir pour savoir si nous aimons vraiment écouter les vagues. Les actions contradictoires de ce genre sont les seules où il ne nous est laissé absolument aucune liberté. »
« Comme il ne peut s’intéresser à lui-même, de même qu’un miroir ne peut se refléter lui-même, l’esprit doit s’intéresser ou s’absorber dans d’autres choses ou d’autres gens. »
« Tout le monde est doué d’amour, mais celui-ci ne peut se manifester que lorsqu’on est convaincu qu’il est impossible et frustrant de vouloir s’aimer soi-même. Mais nous n’en serons pas convaincu à coups de condamnations, en sa haïssant soi-même, ou en accablant l’amour de soi des pires noms qui existent. Nous n’en serons pleinement persuadés qu’en réalisant clairement et en toute conscience qu’il n’existe pas de « soi » que l’on puisse aimer. »
« Il est évident que les seules personnes intéressantes sont les personnes intéressées, or, pour être complètement intéressé, il faut avoir oublié son « moi ». »
« Nous avons donc bien de la chance de vivre en une époque où le savoir humain a atteint un tel point qu’il ne sait plus trouver les mots, non pas simplement pour les choses étranges et merveilleuses, mais pour les plus ordinaires également. La poussière sur les étagères est devenue autant un mystère que les étoiles les plus éloignées ; nous connaissons suffisamment de choses sur les deux, pour savoir que nous ne connaissons rien. »
- Citations choisies par Chartrand Saint-Louis, puisées dans le livre d'Alan WATTS, Bienheureuse insécurité : une réponse à l’angoisse de notre temps ; traduit par Frédéric Magne, Paris : Stock, 1981, c1977, 188 p.
« Ce livre, cependant, est écrit dans l’esprit du sage chinois Lao-tseu, ce maître de la loi de l’effort inversé, qui affirmait que tous ceux qui se justifient ne convainquent pas, que pour connaître la vérité il faut se libérer de la connaissance, et que rien n’est plus puissant et créateur que le vide, devant lequel les hommes reculent généralement avec horreur. »
« Notre époque est donc une époque de frustration, d’angoisse, d’agitation, et d’accoutumance à la « drogue ». Nous devons tant bien que mal saisir ce que nous pouvons pendant que nous le pouvons, et chasser l’impression que tout cela est vain et sans signification. Cette « drogue » est notre haut niveau de vie, c’est-à-dire une stimulation forte et complexe de nos sens, qui finit peu à peu par les désensibiliser ; aussi ceux-ci réclament-ils des stimulations de plus en plus violentes. Nous sommes assoiffés de distractions, de visions, de sonorités, d’émotions, de titillations dont nous voulons jouir au maximum et le plus vite possible. »
« Si paradoxal que cela puisse paraître, nous ne découvrirons de même un sens à notre vie que lorsque nous réaliserons qu’elle est tout à fait dépourvue de but, et nous ne connaîtrons les « mystères de l’univers » que lorsque nous serons intimement convaincus que nous n’en connaissons encore rien. »
« La sensibilité exige une très grande douceur et beaucoup de fragilité - pupilles, tympans, papilles gustatives et terminaisons nerveuses, aboutissant tous à ce très délicat organisme qu’est le cerveau. »
« Si nous pouvons éprouver des plaisirs intenses, c’est que nous sommes sujets à d’intenses douleurs. Nous aimons le plaisir et nous détestons la douleur, mais il semble impossible d’avoir l’un sans l’autre. Et il apparaît de plus que tous deux doivent en quelque façon alterner, car le plaisir continu est un stimulus qui ne peut que s’émousser ou s’accroître. Or, tout plaisir accru, soit durcit et insensibilise les terminaisons nerveuses sous sa poussée, soit se transforme en douleur. Un régime alimentaire à base de nourriture riche coupe l’appétit ou rend malade. »
« Une personne dure et amère est toujours quelqu’un d’à demi suicidé ; une partie d’elle-même est déjà morte. »
« Le pouvoir des souvenirs et des espérances est tellement grand que pour la plupart des êtres humains le passé et le futur ne sont pas tant aussi réels, que plus réels encore que le présent. On ne peut vivre le bonheur dans le présent tant que l’on n’a pas « nettoyé » son passé et que le futur ne brille pas de promesses. »
« Après tout, le futur ne revêt presque aucune signification et n’est pratiquement d’aucune importance, puisque, tôt ou tard, il doit se transformer en présent. Aussi faire des projets pour un avenir qui ne doit jamais devenir présent est à peine plus absurde que de faire des projets pour un futur, lequel, devenant présent, me trouvera « absent », et en train de regarder obstinément par-dessus ses épaules au lieu de le regarder bien en face. »
« (...) l’essentiel de la sagesse dont nous faisons preuve dans notre vie quotidienne ne nous est jamais transmise verbalement. »
« De plus en plus nous essayons de mieux nous adapter à la vie grâce à des gadgets externes, et nous tentons de résoudre nos problèmes par la pensée consciente plutôt qu’en nous remettant au « savoir-faire » inconscient. Cela est beaucoup moins à notre avantage que nous aimerions le croire. »
« Nous stimulons nos sens jusqu’à ce qu’ils deviennent insensibles, aussi, pour que le plaisir puisse durer, devons-nous recourir à des stimulants de plus en plus forts. »
« Les animaux passent le plus clair de leur temps à sommeiller et à paresser agréablement, mais, sous prétexte que la vie est courte, les êtres humains se sentent contraints d’amasser pêle-mêle le plus de conscience, de vivacité, et d’insomnie chronique possible afin d’être bien sûrs de ne pas rater la moindre sensation de plaisir. (...) Aussi deviennent-ils de plus en plus incapables de jouir d’un plaisir réel, et finissent-ils par devenir insensibles aux joies les plus subtiles et les plus vives de la vie qui sont en fait extrêmement simples et communes. »
« (...) c’est le cerveau qui est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le cerveau. »
« La vraie raison pour laquelle la vie peut paraître parfois tellement exaspérante et frustrante, ce n’est pas parce qu’il existe ce que l’on appelle la mort, la douleur, la peur ou la faim. Mais là où rien ne va plus, c’est que face à ces événements, nous nous mettons à bourdonner et tourner en rond comme des mouches affolées, pour essayer de maintenir notre « ego » hors de l’expérience. Nous nous prenons pour des amibes, et nous essayons de nous protéger de la vie en nous séparant en deux. Mais le bon sens et l’intégrité voudraient que nous comprenions que nous ne sommes pas séparés, que l’homme et son expérience présente ne forment qu’un seul tout, et qu’il n’existe pas d’« ego » ou d’esprit séparé. »
« Plus nous nous habituons à comprendre le présent d’après le passé, le connu d’après l’inconnu, le vivant d’après ce qui est mort, plus notre vie se dessèche et plus nous sommes envahis d’un sentiment de tristesse et de frustration. Ainsi protégé de la vie, l’homme devient une sorte de mollusque incrusté dans la coquille dure de la « tradition », et quand la réalité finit par surgir, un raz de marée de terreur l’emporte. »
« Mais nous sommes, pour la plupart, intérieurement déchirés par ce conflit parce que notre vie n’est qu’un long effort pour résister à l’inconnu, au présent réel dans lequel nous vivons, qui est l’inconnu sur le point de naître. C’est pourquoi nous n’apprenons jamais à vivre en harmonie. À chaque instant nous hésitons, nous restons sur la défensive. Et tout cela sans que nous en retirions aucun avantage, car la vie nous plonge malgré nous dans l’inconnu et vouloir résister est aussi vain et exaspérant qu’essayer de nager à contre-courant dans un torrent déchiré. »
« Il faut au contraire être complètement sensible à chaque instant, considérer chacun de ceux-ci comme tout à fait nouveau et unique, garder l’esprit ouvert et réceptif. »
« La philosophie chinoise dont le judo lui-même est une expression - c’est-à-dire le taoïsme - nous a révélé comment l’eau réussit à surmonter tous les obstacles grâce à sa fluidité et à sa flexibilité. »
« (...) la paresse. De façon tout à fait significative, les gens nerveux et frustrés sont toujours affairés, même quand ils sont oisifs, car cette oisiveté est une « paresse » qui vient de la peur et non du repos. Mais l’esprit-corps est un système qui accumule et conserve de l’énergie. Ce faisant il est tout à fait paresseux. Quand l’énergie est accumulée, elle ne demande alors qu’à être dépensée, le plus facilement et avec le moins d’effort possible. C’est pourquoi ce n’est pas seulement la nécessité mais aussi la paresse qui est mère de l’invention. Il suffit d’observer les mouvements lents et « lourds » d’un travailleur habile occupé à quelque rude tâche, et comment, alors même qu’il lutte contre la pesanteur, un bon montagnard utilise en fait cette même pesanteur et marche à grandes enjambées lentes et pesantes. On dirait qu’il tire des bords contre la pente, comme un voilier contre le vent. »
« Demeurer stable c’est s’interdire d’essayer de se séparer de la douleur parce que l’on sait que c’est impossible. Fuir la peur c’est avoir peur, résister à la douleur c’est souffrir, se montrer courageux c’est être craintif. Si l’esprit souffre, l’esprit est douleur. »
« Vouloir échapper à la douleur est la douleur même ; ce n’est pas la réaction d’un « ego » séparé de la douleur. Quand on comprend cela, le désir d’échapper « se fond » dans la douleur elle-même et disparaît. »
« (...) il faut toujours rester conscient, alerte et sensible à toutes les actions et inter-relations possibles, à partir de cet instant présent. Mais il faut tout d’abord être pleinement convaincu qu’il n’existe pas réellement d’autre solution à part celle de rester conscient - parce que l’on ne peut se séparer du présent et définir son propre être à part. »
« Car, lorsque l’on comprend réellement que l’on est ce que l’on voit et ce que l’on connaît, on ne se promène pas dans la campagne en se disant : « Je suis tout ceci. » Il n’y a simplement que « tout ceci ». »
« Pour « connaître » la réalité il ne faut pas lui être extérieur et la définir ; il faut y entrer, l’être et la ressentir. »
« Plus une mouche se débat pour se dégager du miel, plus elle s’y englue. Sous la pression de tant d’efforts futiles, il n’est pas étonnant que l’homme se défoule dans la violence et le sensationnel, l’exploitation aveugle de son corps, de ses appétits, du monde matériel et de ses amis. Et c’est un nombre incalculable de douleurs qu’une telle exploitation ajoute encore aux souffrances nécessaires et inévitables de l’existence. »
« Il est clair que tout existe pour cet instant. C’est une danse, et quand on danse ce n’est pas pour arriver quelque part. On tourne en rond, mais sans être victime de l’illusion que l’on est à la recherche de quelque chose, ou que l’on échappe aux tourments de l’enfer. »
« La mort est l’inconnu où chacun d’entre nous a vécu avant de naître. »
« (...) il est connu que rien ne gâche plus un « plaisir » que de s’interroger pour savoir s’il nous est vraiment agréable. Nous ne pouvons vivre qu’un seul moment à la fois, et nous ne pouvons pas à la fois écouter la rumeur des vagues et réfléchir pour savoir si nous aimons vraiment écouter les vagues. Les actions contradictoires de ce genre sont les seules où il ne nous est laissé absolument aucune liberté. »
« Comme il ne peut s’intéresser à lui-même, de même qu’un miroir ne peut se refléter lui-même, l’esprit doit s’intéresser ou s’absorber dans d’autres choses ou d’autres gens. »
« Tout le monde est doué d’amour, mais celui-ci ne peut se manifester que lorsqu’on est convaincu qu’il est impossible et frustrant de vouloir s’aimer soi-même. Mais nous n’en serons pas convaincu à coups de condamnations, en sa haïssant soi-même, ou en accablant l’amour de soi des pires noms qui existent. Nous n’en serons pleinement persuadés qu’en réalisant clairement et en toute conscience qu’il n’existe pas de « soi » que l’on puisse aimer. »
« Il est évident que les seules personnes intéressantes sont les personnes intéressées, or, pour être complètement intéressé, il faut avoir oublié son « moi ». »
« Nous avons donc bien de la chance de vivre en une époque où le savoir humain a atteint un tel point qu’il ne sait plus trouver les mots, non pas simplement pour les choses étranges et merveilleuses, mais pour les plus ordinaires également. La poussière sur les étagères est devenue autant un mystère que les étoiles les plus éloignées ; nous connaissons suffisamment de choses sur les deux, pour savoir que nous ne connaissons rien. »
- Citations choisies par Chartrand Saint-Louis, puisées dans le livre d'Alan WATTS, Bienheureuse insécurité : une réponse à l’angoisse de notre temps ; traduit par Frédéric Magne, Paris : Stock, 1981, c1977, 188 p.
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jeudi 8 mars 2007
Agriculture soutenue par la communauté
L’Agriculture soutenue par la communauté est une formule originale qui permet de devenir « partenaire » d’une ferme biologique et locale en achetant une part de récolte (le paiement se fait à l’avance, généralement en deux versements).
Les fermes participantes livrent les paniers de fruits, légumes ou viandes biologiques une fois par semaine à divers points de chute. Les paniers peuvent satisfaire les besoins d’une famille ou d’un couple. Pour une personne vivant seule, il est recommandé de s’associer avec une autre personne car la quantité des denrées peut dépasser largement vos propres besoins, surtout vers la fin de saison (au temps fort de la récolte).
En consultant la liste des fermes participantes sur le site d’Équiterre, vous trouverez celle qui livrera le plus près de chez vous.
- Billet de Chartrand Saint-Louis
Les fermes participantes livrent les paniers de fruits, légumes ou viandes biologiques une fois par semaine à divers points de chute. Les paniers peuvent satisfaire les besoins d’une famille ou d’un couple. Pour une personne vivant seule, il est recommandé de s’associer avec une autre personne car la quantité des denrées peut dépasser largement vos propres besoins, surtout vers la fin de saison (au temps fort de la récolte).
En consultant la liste des fermes participantes sur le site d’Équiterre, vous trouverez celle qui livrera le plus près de chez vous.
- Billet de Chartrand Saint-Louis
mercredi 24 janvier 2007
Le scepticisme pyrrhonien
Chez le sceptique pyrrhonien, la « suspension du jugement » est le terme de la recherche. Le sceptique, après avoir suspendu son jugement, a-t-il encore le souci de poursuivre la recherche et l’examen ? S’il suspend son jugement, peut-il décider sur les choses ? Comment l’échec de la raison peut-il être valorisé ?
À y regarder de près, il semble évident que la « suspension du jugement », cet état d’incertitude et d’incapacité, est un constat d’échec et recouvre un aspect négatif. Mais elle peut revêtir un tout autre visage. Il n’est qu’à souligner, sur ce point, ce que des penseurs des siècles ultérieurs (Montaigne, Pascal et Hume) ont dit à ce propos.
Pour Montaigne (1533-1592), cette « perpétuelle confession d’ignorance », ce « jugement sans pente ni inclinaison » ouvre des chemins qui mènent à la foi. La suspension du jugement est aussi valorisée parce qu’elle est la condition de possibilité d’une vie tranquille et bienheureuse, exempte des agitations que nous recevons par l’impression de l’opinion et de la science que nous pensons avoir des choses.
Pour Pascal (1623-1663), ce qui fait la grandeur de l’homme, c’est justement la reconnaissance de sa misère. « La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. C’est donc être misérable que de se connaître misérable, mais c’est être grand que de connaître qu’on est misérable ».
Le scepticisme pyrrhonien (que l’on désigne également par « pyrrhonisme »), dans l’expression de sa reconnaissance de la faiblesse humaine, apparaît pour Pascal un remède à la vanité des hommes (vanité qui les rend bêtes).
David Hume (1711-1776), dans son enquête sur l’entendement humain, concède qu’il y a parfois égale force des contraires en ce qui se rapporte aux faits. « Le contraire d’un fait quelconque est toujours possible car il n’implique pas contradiction et l’esprit le conçoit aussi facilement et aussi distinctement que s’il concordait pleinement avec la réalité ». Comme Pascal, le scepticisme lui semble conduire au discernement de l’aveuglement et de la faiblesse humaine. Même la plus parfaite philosophie morale ou métaphysique « sert seulement à découvrir que notre ignorance s’étend à des domaines plus vastes ». Il y a chez lui une valorisation de la « suspension du jugement » en vue de prévenir les hommes contre l’arrogance impardonnable des dogmatismes et du danger des déterminations hâtives. « Le meilleur expédient pour prévenir cette confusion est de rester modeste dans nos prétentions, et même de découvrir nous-mêmes la difficulté avant qu’on nous l’objecte. De cette manière, nous pouvons nous faire une sorte de mérite de notre ignorance même ». « Nous aurons du moins, par ce moyen, le sentiment de notre ignorance si nous n’augmentons pas notre connaissance ».
L’essence du scepticisme pyrrhonien s’exprime dans son relativisme. Les choses apparaissent relatives à quelque chose, soit relatives à celui qui juge (le sujet), soit relatives à ce qui accompagne l’observation de la chose (distance, lieu, situation). Le défaut des sens rend difficile, sinon impossible, d’accéder aux choses dans toute leur simplicité. Il entraîne une imperfection de l’entendement humain « puisque les sens qui sont ses guides, se trompent ». Et même si nous pouvons percevoir la chose telle qu’elle se présente, nous n’accéderons finalement qu’aux « mélanges extérieurs propres à l’objet ». La fréquence et la rareté de l’apparition font voir la relativité de nos représentations. Le soleil peut apparaître plus effrayant qu’une comète mais, par sa fréquence, nous n’en ressentons aucune crainte, ce qui est l’inverse dans le second cas (l’apparition d’une comète).
Pour le sceptique pyrrhonien, toutes les représentations sont relatives, la négation du relatif est elle-même affirmation du relatif et l’absolu mène au relatif (en ce sens qu’il est lui-même relatif à quelque chose).
« Tout est relatif à quelque chose, par exemple à celui qui juge : chaque chose apparaît relative à cet animal, à cet homme, à ce sens selon telle circonstance, et à ce qui accompagne l’observation de la chose : chaque chose apparaît avec le mélange, de cette manière, dans cette composition, sous cette quantité, avec cette position ». [2]
Ce relativisme exprime le « subjectivisme relatif » du scepticisme pyrrhonien. « C’est au sujet que telle apparence déterminée est relative » [3]. Ce subjectivisme se couple d’un certain réalisme, puisqu’il y a reconnaissance de la relation des choses entre elles ou des objets entre eux. En fait, le réel « réside dans la relation ». [1]
L’orientation sceptique consiste à ne s’attacher qu’aux apparences, à cette « fluidité des phénomènes » qui provient du fait que nous n’avons des choses que des impressions relatives. Mais il convient d’ajouter que le phénomène n’est pas qu’une représentation relative aux sens et au sujet connaissant. Il est plus que cela. Il est une réalité physique, matérielle, qui se maintient dans la sphère du relatif. [1]
Le sceptique pyrrhonien soutient que nous ne pouvons nous prononcer sur la nature « indivisible » des choses car nous ignorons les principes derniers, les pouvoirs cachés de la nature qui les sous-tendent. Comme le mentionne Hume, « qui affirmera qu’il peut donner la raison dernière pour laquelle le lait ou le pain conviennent à l’homme comme nourriture et non à un lion ou à un tigre ».
Dans ce contexte de relativisme et de « phénoménisme », il s’avère inconséquent de prétendre détenir la vérité sur la nature « essentielle » des choses.
***
Pyrrhon d’Élis (360-270 av. J.-C.) est le créateur du scepticisme pyrrhonien (pyrrhonisme). Agnostique présumé, « il s’abstenait de donner son opinion sur tout sujet. Il niait qu’une chose fût bonne ou mauvaise, vraie ou fausse en soi. Il doutait de l’existence de toute chose, disait que nos actions étaient dictées par les habitudes et les conventions et n’admettait pas qu’une chose soit, en elle-même, plutôt ceci que cela ».
Les académiciens sceptiques admettent des conclusions sensiblement similaires à celles des sceptiques pyrrhoniens. L’argument fondamental des académiciens sceptiques est exprimé en ces termes par Cicéron (106-43 av. J.-C.) : « Je pense, en effet, que rien ne peut être perçu ». Cet argument trouve un échos dans le principe d’Épicure (341-270 av. J.-C.) : « Si une seule représentation sensible est fausse, rien ne peut être perçu. » Si les académiciens sceptiques n’admettent aucun critère de certitude, ils favorisent cependant un certain probabilisme à l’égard des choses : « cette théorie du probable, théorie commode, dégagée et libre, qui ne s’embarrasse pas de difficultés ». En proclamant la théorie du probable, les académiciens sceptiques marquent le point crucial de rupture avec le pyrrhonisme. Ce terme de « rupture » n’indique toutefois pas un lien de filiation entre ces deux types de scepticisme mais plutôt un désaccord à l’égard de cette problématique.
– Texte de Chartrand Saint-Louis
Références:
Cicéron, Premiers académiques, II; trad. Émile Bréhier. Paris : Gallimard, 1962 (coll. La Pléiade)
[1] Dumont, J.P., Le scepticisme et le phénomène, Paris : Librairie J. Vrin, 1972, 239 p.
[2] Empiricus, Sextus, Les esquisses pyrrhoniennes ou hypotyposes; trad. par Geneviève Goron. Livre premier. Paris : Aubien-Montaigne, pp. 157-211.
[3] Festugière, André-Jean, Épicure et ses Dieux, Paris : Presses universitaires de France, 1985, c1946, 132 p.
Hume, David, Enquête sur l’entendement humain, Paris : Flammarion, 1993, c1983, 252 p.
Montaigne, Michel de, Apologie de Raimond Sebond, Paris : Gallimard, 1967, 372 p.
Pascal, Blaise, Pensées, Paris : Le Livre de poche, 2000
***
Passage cité dans un document diffusé sur le site Academia.edu:
"Ces dernières affirmations nous font penser à un certain athéisme sceptique – ou bien plutôt au scepticisme pyrrhonien tout court, cet apanage fondamental de la modernité qui suppose relativisme, phénoménisme, reconnaissance du doute comme réalité insurmontable, qui, n’allant pas jusqu’au nihilisme, se maintient comme principe constructif de toute quête intellectuelle et de toute action; le doute pyrrhonien relativise non pas nécessairement l’absolu lui-même, mais plutôt la possibilité de sa possession. D’où, comme le dit Chartrand Saint-Louis dans un article électronique, « il s’avère inconséquent de prétendre détenir la vérité sur la nature « essentielle » des choses ».
- Hărșan, Ramona, André Gide : La Morale de l’Immoraliste, Academia, p. 102
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mercredi 10 janvier 2007
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