lundi 11 juillet 2011

Sagesse amérindienne

La grande sagesse des Indiens de l’Amérique du Nord, écrasée par l’arrivée de l’homme blanc, n’a pas complètement disparu. Elle a survécu au génocide de ces peuples, à la disparition des grands espaces sauvages et à l’avance impitoyable du monde moderne.

Ces voix indiennes sont toutefois une réponse au désarroi de l’homme qui a coupé les liens avec la nature. Elles lui enseignent comment retrouver la sérénité, la paix de l’âme. Elles lui font découvrir les secrets de la nature, l’ancienne harmonie qui régnait sur la terre, le chemin du coeur.

Ces préceptes de vie font partie de l’héritage culturel légué au monde par les Indiens d’Amérique. Ils sont un remède à la détresse de l’homme blanc qui a détruit les forêts, pollué l‘air, les eaux, le sol, pour bâtir une civilisation artificielle qui a brisé l’alliance entre les hommes et la nature.

- Il fut un temps où la nature fortifiait l’homme, l’instruisait, le guérissait de ses maux et lui procurait la force de vivre. L’homme était plein de compassion pour la mère terre. Il savait que le coeur de l’homme, éloigné de la nature, se dessèche et devient dur. Ce temps n’est pas totalement disparu. Il suffit de modifier son regard sur les choses, de faire taire le vacarme du monde et de retrouver la parole du coeur.

- Aujourd’hui, les vastes solitudes ont été remplacées par des villes ; les forêts ont été détruites et les rivières empoisonnées. Mais le soleil se lève toujours et les étoiles sont à la même place dans le ciel. Apprends à contempler ce qui ne change pas autour de toi, de même qu’à l’intérieur de toi et tu trouveras la sagesse de l’esprit et la santé du corps.

- Tu n’es pas séparé des autres, enfermé que tu es dans une solitude mortelle, avec tes angoisses et tes peurs. Tourne-toi vers les autres ; apprends à regarder autrement le monde. Éprouve des pensées harmonieuses pour toutes les formes de vie, car tu es le frère ou la soeur de toutes les créatures vivantes.

- Les saisons de la terre sont aussi les saisons de ton âme. Tu t’éveilles au printemps, tu affirmes ta force et ta passion de vivre en été, tu deviens méditatif à l’automne, tu te tournes à l’intérieur et tu contemples le monde en hiver. C’est ainsi que la roue tourne, emportant les vivants et les morts, le soleil et la pluie, la nuit et le jour, dans la danse de l’éternel retour.

- Regarde, mon frère ! Le printemps est revenu ! Chaque graine se réveille ainsi que chaque animal qui a dormi durant de longs mois. C’est à ce pouvoir mystérieux que nous devons notre existence. Voilà pourquoi nous devons concéder à nos voisins, même à nos voisins animaux, autant de droits qu’à nous d’habiter cette terre.

- L’homme et la nature appartiennent au même cycle des transformations et des recommencements. L’un est le reflet de l’autre. Qu’il soit animal, végétal ou minéral, il s’agit du même corps vivant, infini, éternel.

- Apprends à goûter l’instant de la beauté des choses, le vol d’un oiseau, le bruissement du vent, le murmure de l’eau, la pénombre mystérieuse d’un sous-bois. Deviens comme l’enfant qui s’étonne de tout. Alors tu feras l’expérience du monde à travers ton propre corps.

- Tout passe : les heures, les nuages dans le ciel, la vie des hommes, emportées par les naissances et les morts. Ne t’attache pas la chronologie des choses. Fais de chaque seconde une expérience enrichissante, sans t’inquiéter du temps qui fuit et des matins qui ne reviennent plus. Le présent est la seule chose qui n’ait pas de fin.

- Celui qui ne respecte pas l’animal, la montagne, l’eau des rivières ; celui qui blesse la terre et empoisonne l’air qu’il respire, celui-là méprise la merveilleuse vie. Il ne sait plus voir la beauté simple des choses qui accompagne chaque geste de la vie et protège l’homme depuis son enfance, comme un oiseau aux ailes d’or.

- N’aie pas peur des contraires, des oppositions qui divisent le monde et créent l’illusion que tout est séparé. Cette vision est source de conflits, de souffrances et de luttes perpétuelles. La nuit n’est pas l’ennemie du jour, pas plus que la mort n’est l’ennemie de la vie. Il faut la rencontre du feu et de l’eau, du soleil et de l’humidité pour créer le merveilleux arc-en-ciel.

- Demande au grand silence de la forêt : “Quel est ce silence ?” Il te répondra : “C’est le Grand Mystère ! le silence sacré est sa voix, depuis l’aube du monde” Si tu lui demandes : “Quels sont les fruits du silence ?” il te dira : “La maîtrise de soi, le courage, la persévérance, la patience, la dignité et le respect”. Apprends à interroger le silence. Il est la terre intérieure, l’espace sacré où s’enracine ton esprit.

- Les drames humains et les catastrophes naturelles ont la même source : l’homme s’est éloigné du coeur de la nature qui est aussi son propre coeur. En oubliant la vie sensible, l’homme a fini par s’oublier lui-même. L’Indien savait que la perte du respect dû à toutes les formes de vie: humaine, animal et végétal, conduisait à ne plus respecter l’homme. Aussi, maintenait-il les jeunes enfants sous la douce influence de la nature.

- Si tu veux vaincre la peur de la mort, regarde la nature qui t’entoure. La nature ne connaît pas le froid de la mort, l’immobilité, l’arrêt de la vie. Au printemps, elle exprime la jeunesse, la passion de vivre, la générosité. En hiver, elle rêve, repliée sur elle-même, renouvelle ses forces et prépare le retour du printemps. Considère ta propre mort comme un sommeil réparateur. Tu n’es pas différent de la nature.

- Ne considère pas seulement la nature comme un cadre dans lequel tu peux t’épanouir, guérir les maladies de ton âme et celles de ton corps. La nature n’est pas extérieure à ton esprit. Il ne s’agit pas d’un monde différent, éloigné et difficile à comprendre. Malgré le jeu des apparences, nous formons tous un seul esprit.

- La nature toute entière est contenue dans l’esprit d’un seul homme. Attiré par le reflet des apparences, l’homme regarde du mauvais côté, soit à l’extérieur. Il faut apprendre à tourner ses yeux à l’intérieur de soi.

– Billet de Jean-Claude St-Louis

Référence:

Préceptes de vie issus de la sagesse amérindienne : sérénité, amour, pouvoir, guérison, plénitude ; présentés par Jean-Paul Bourre. Paris : Presses du Châtelet, 2010.